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Forums d'A TA TURQUIE :: Voir le sujet - Déclin des Ottomans: blocage religieux à l'innovation
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Turcologue Newbie Inscrit le: 17 Sep 2015 Messages: 31 Localisation: France
Posté le: 04 Nov 2015 16:18 Sujet du message: Déclin des Ottomans: blocage religieux à l'innovation
L'EFFONDREMENT DE L'EMPIRE OTTOMAN:
Un blocage religieux et obscurantiste à l'innovation.
« Jusqu'au XVIIIe siècle, l'Empire ottoman affecta d'ignorer l'Europe occidentale, jugée lointaine, inoffensive, aussi dépourvue d'attrait que d'intérêt, ne méritant guère d'attention. (...) Ni les langues européennes, trop nombreuses et méprisées comme des dialectes barbares, ni l'histoire ou la géographie des États occidentaux n'étaient dignes d'intérêt. (...) Une anecdote le révèle. En juillet 1770, la marine ottomane subit une des plus sévères défaites de son histoire, sorte de Trafalgar turc dont elle eut beaucoup de mal à se révéler. Au mouillage à Tchesmé entre la côte d'Asie Mineure et l'île de Chio, elle fut complètement détruite par la flotte russe qui, sous la direction d'Alexis Orlov, avait traversé les mers, du golfe de Finlande à la mer Egée. Accablé par cette catastrophe sans précédent, le gouvernement d'Istanbul, qui tirait manifestement ses connaissances géographiques de cartes médiévales, reprocha à Venise - qu'il croyait voisin de la Russie - d'avoir autorisé les navires russes à passer directement de la Baltique à la Méditerranée !
Tout autant que la cartographie, qui connut de grands progrès à la Renaissance, l'imprimerie, la plus grande innovation technique de l'Occident, laissa les Turcs indifférents. La diffusion de ce remarquable multiplicateur des connaissances avait été extrêmement rapide: cinquante ans avaient suffi pour que l'Europe, malgré quelques résistances vite surmontés, adopte l'invention de Gutenberg. (...) Mais les Turcs refusèrent cette révolution de l'imprimé. Quiconque aurait été tenté de l'introduire dans l'empire était passible de la peine de mort.
Peur des élites de partager le privilège du savoir?
Crainte des oulémas de voir contester leur interprétation de l'islam ou défense corporative des copistes menacés par une nouvelle technique?
Trois raisons convergentes pour écarter une invention occidentale, l'innovation en général (bid'a) n'ayant, en outre, pas bonne presse en terre de l'islam. (...) Le respect pour la parole de Dieu commandait qu'elle soit conservée en manuscrit. Seules les minorités religieuses de l'empire adoptèrent le nouvel outil: les Juifs de Salonique dès 1493, les Arméniens d'Istanbul pas avant 1567, et les Grecs seulement en 1627 imprimèrent des ouvrages dans leur propre langue, alors que les musulmans de l'empire s'interdisaient d'imprimer en caractères turcs ou arabes. »
Le Turban et la Stambouline, Jean François Solnon, p. 260-261 _________________
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