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Un drame et la France s'enflamme

 
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murat_erpuyan
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Inscrit le: 30 Jan 2006
Messages: 11178
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MessagePosté le: 01 Juil 2023 16:50    Sujet du message: Un drame et la France s'enflamme Répondre en citant

La mort d'un jeune par les bals d'un pistolet d'un policier provoque des émeutes en France !!!
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murat_erpuyan
Admin
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Inscrit le: 30 Jan 2006
Messages: 11178
Localisation: Nancy / France

MessagePosté le: 01 Juil 2023 16:50    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

TRIBUNE
Pourquoi Nahel est mort
Libération, le 30 juin 2023


Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre

Est-ce notre inconscient collectif qui avait le doigt posé sur la gâchette ? Pourquoi braque-t-on un calibre pour un délit routier ? La balle dans le cœur de Nahel a-t-elle été tirée parce que l’on n’aime pas la banlieue ?

L’écrivain Mahir Guven s’interroge.

A Nanterre, le 28 juin 2023. (Corentin Fohlen/Liberation)
par Mahir Guven, Ecrivain, lauréat du Goncourt du premier roman en 2018 pour son livre «Grand frère», a grandi dans la banlieue de Nantes.
Fondateur et directeur éditorial du label de littérature La Grenade


Nahel est mort parce qu’un policier a décidé que ses conneries d’adolescent devaient être jugées sur le bitume et sans procès. Quand d’autres adolescents, les fils d’un ancien président, d’un ancien candidat à la présidence, d’anciens ministres ont aussi mordu les lignes en voiture ou en scooter, on a su excuser les erreurs de jeunesse. «Vous comprenez, c’est ainsi que l’on apprend.» Comme tout jeune, Nahel avait le droit de l’apprendre, il avait le droit à l’erreur. On lui a retiré. Son seul droit, c’est de rester droit, sa punition, c’est la sanction suprême. Et pour sa famille, un cercueil et les larmes.

Nahel est mort, car personne ne s’avoue qu’une voix murmure au fond de nous «c’est le destin de ces gens», que «c’est comme ça», que «c’est triste». Si l’arme est tenue par le brigadier, c’est notre inconscient collectif qui avait le doigt posé sur la gâchette, c’est l’extrême droite qui l’a actionnée. La balle dans le cœur de Nahel, c’est le poids de notre flemme, de notre refus d’entendre les mises en garde, Malik, Steve, Theo, Zyed et Bouna, et les autres. La liste des martyrs.

J’imagine la peur muette à l’intérieur des voitures de patrouille
Nahel est mort, car la police se nullifie. J’entends que la formation se restreint, je me demande pourquoi on ne tire pas dans les genoux, ou les pneus, pourquoi n’utilise-t-on une arme non létale, par exemple un taser. Je me demande pourquoi on braque un calibre pour un délit routier ? Est-ce que je peux aussi mourir si je rate un panneau stop ? Je présume que les jeunes policiers entrent à l’école avec dans la tête cette petite envie de devenir Tintin, Superman ou Batman, plus tard, ils découvrent les horaires infernaux, les mauvais salaires, les flics pourris et la mentalité d’extrême droite qui a pris le pouvoir. Petit à petit, ils deviennent fermés, méchants. Quand ils déconnent, ils mentent, et puisqu’ils mentent alors qu’ils sont les lieutenants de la justice, donc de la vérité, on ne les aime plus.

Dès lors, c’est au citoyen de sortir sa caméra pour faire vivre la vérité. Absurde ! Si tous les flics ne mentent pas, le bon flic doit se taire, sinon, on lui fera la misère, car les chefs tolèrent le mensonge. «Protégeons les nôtres, nous sommes dans la même merde», et maintenant, j’imagine la peur muette à l’intérieur des voitures de patrouille : «Est-ce que moi aussi, je vais tuer ma vie en ôtant celle d’un autre ?» Tout est foutu pour ce brigadier, peu importe le jugement, coupable ou innocent, il vivra avec un fantôme. J’espère qu’il méditera, j’espère qu’il agira pour stopper les violences policières, comme le fait mon ami Adama Camara pour arrêter les rixes en banlieue, après s’être rendu coupable d’un crime.

Nahel et des millions d’autres sont devenus comme moi, des êtres déracinés
Nahel est mort, car on n’aime pas la banlieue et les gens qui y vivent. Pourtant, ces gens n’ont pas demandé à vivre dans ces conditions. Ce n’était pas la promesse de départ. Personne n’a décidé, il y a 60 ans, ou 180 ans, ou 500 ans, que Nahel allait mourir dans la fraîcheur d’un matin d’été à Nanterre. Mais tout a été fait, et mal fait, pour que ce drame arrive. Nahel est mort, car on a laissé croire à ses parents, peut-être à ses grands-parents voire ses arrière-grands-parents, qu’ils pouvaient laisser tomber leurs terres, leurs traditions, leurs animaux, contre la modernité, de l’argent et des voitures, pour s’écrire un destin joyeux en France. Un matin, ils ont posé la fourche, le midi, ils ont pris l’avion et le soir, ils ont découvert l’ascenseur, il fallait rattraper cent cinquante ans d’histoire, s’adapter au passage de la campagne à la vie urbaine en un claquement de doigts, car l’autochtone n’a pas le temps, il veut qu’ils soient comme lui, tout de suite, qu’ils oublient tout pour renaître. D’ailleurs, il leur donne tant pour y parvenir. Quelques mois après leur arrivée, ils ont compris la carotte, elle était si épaisse à avaler que personne n’a pu moufter. Tant pis, il faut s’inventer un futur avec des nouveaux voisins, une nouvelle morale, dans une case en béton conçue par des politiques publiques en panne de bon sens, et bientôt le chômage.

C’est ainsi que Nahel et des millions d’autres sont devenus comme moi, des êtres déracinés, des êtres qui s’inventent une culture. Des gens ni d’ici ni d’ailleurs, qui marchent bancals à cause de vertèbres disparues. On s’est inventé une culture de «lascar», les survêtements, les casquettes, on s’est trouvé une religion, le rap, avec sa liturgie et ses saints, et ainsi, on s’est inventé une place dans ce pays, en devenant des petits voyous, des adolescents agités, des jeunes hommes avec l’insolence en bouche et la nonchalance pour attitude. C’est notre manière de manifester contre cette promesse non tenue faite aux parents. Et pour nous répondre, il y avait la police. Souvent, elle tapait, parfois elle tuait. A 15 ans, la police m’a coursé pour une pizza lancée un soir de match sur un supporter de l’équipe adverse venant de m’adresser un bras d’honneur. J’étais simplement devant la maison d’un ami, après la victoire des Bleus à chambrer les voisins portugais. J’ai fini avec une arme braquée sur moi devant la grille d’une école primaire. Par chance, j’ai le sourire facile. Comme écrit plus haut, c’était un avertissement à rester droit. Si je m’en suis sorti, ce n’est pas la peur qui m’a dressé. C’est mon cœur tatoué à jamais par la rancœur.

Mahir Guven est l’auteur de Grand frère (2018) et les Innocents (2022) aux éditions Grasset.


https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pourquoi-nahel-est-mort-20230630_CQNWIANFDZEM3BHOJDD76LDSMM/?redirected=1



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murat_erpuyan
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MessagePosté le: 01 Juil 2023 19:37    Sujet du message: Répondre en citant

Certes Mahir Güven décrit bien la situation mais quand je vois des voitures des particuliers cramées (sans doute des personnes pas aisées) des tabacs, des kebabs saccagés, voire Zara ou Darty pillés, je ne peux comprendre l'excuse de colère.

Je ne peux m'empêcher de considérer comme voyous ces types qui exploitent le malheur pour piller les magasins.

Quand le type déclare "c'est écrit dans le Coran, tu tues ce qui tu tues, on va tuer les policiers" des zémours" frottent la main, puisqu'ils peuvent exploiter eux aussi la colère, la peur...
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murat_erpuyan
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MessagePosté le: 03 Juil 2023 17:42    Sujet du message: Répondre en citant







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murat_erpuyan
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MessagePosté le: 05 Juil 2023 20:45    Sujet du message: Répondre en citant

Je signe avec conviction cette déclaration, je partage chaque mot...






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