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Bronislaw Baczko: «Tout historien est révisionniste» (philo)

 
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Auteur Message
Raskolnikoff
V.I.P
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Inscrit le: 09 Oct 2007
Messages: 3474
Localisation: Somewhere in the world

MessagePosté le: 17 Nov 2011 11:27    Sujet du message: Bronislaw Baczko: «Tout historien est révisionniste» (philo) Répondre en citant

LE TEMPS de Genève
entretien jeudi17 novembre 2011
Bronislaw Baczko: «Tout historien est révisionniste»
Par Propos recueillis par Emmanuel Gehrig
L’historien des idées Bronislaw Baczko reçoit le prestigieux prix annuel de la Fondation Balzan, qui récompense une vie de recherche sur Rousseau, les Lumières et la Révolution française. De Varsovie à Genève, où il vit depuis trente-cinq ans, il a contribué à renverser nombre de clichés véhiculés par deux siècles d’historiographie

Quand on se rend chez Bronislaw Baczko, on a le sentiment qu’il a semé des petits cailloux sur le chemin: les arrêts de bus s’appellent «Contrat social» et «Jean-Jacques». Car la vie et l’œuvre de Rousseau ont imprégné toute sa vie, et c’est à Genève que ce natif de Pologne a trouvé – depuis plus de trente-cinq ans – un havre propice à ses recherches. Et c’est à Berne qu’il recevra, le 18 novembre, le Prix Balzan pour sa contribution à l’histoire des idées du XVIIIe siècle, aux côtés de trois autres lauréats.

Les philosophes des Lumières ne sont pas les annonciateurs de la Révolution française. Et Rousseau ne préfigure pas le totalitarisme. Avec Bronislaw Baczko, rien n’est si simple. Pour avoir vécu dans un régime totalitaire, l’historien né en 1924 connaît trop bien le danger des clichés, les pièges de l’anachronisme, la récupération politique. Dans son intérieur modeste où les livres sont rois, il confie comment la recherche historique reste – même à 80 ans passés – une source de perpétuel étonnement.

Le Temps: Comment avez-vous «rencontré» Jean-Jacques
Rousseau?

Bronislaw Baczko: Un peu par hasard. Après la guerre, j’étais un marxiste croyant et je voulais écrire un essai sur les premiers travaux de Marx. Or je me rendais compte qu’on ne pouvait pas s’y atteler sans connaître Hegel, aux sources intellectuelles de Marx. Puis je remarquai que Hegel, qui est anti-contractualiste, débat, s’oppose à un interlocuteur en amont: Rousseau. Je me suis arrêté là. Rousseau a commencé à me fasciner.

– Qu’est-ce qui vous a fasciné?

– Tout tient dans le titre de l’ouvrage que je lui ai consacré: Solitude et Communauté. Comment était-il possible d’écrire à la fois les Confessions et Du Contrat social? Voilà deux types d’écriture qui ne collent pas ensemble et qui sont tous deux à l’origine d’une certaine modernité. Les Confessions fondent la littérature de l’individu, l’écriture du moi. Du Contrat social devient un des livres essentiels de la démocratie contemporaine.

– Vos recherches étaient-elles
considérées comme subversives
en Pologne?

– La Pologne des années 1950 n’était pas un petit goulag! En 1956, l’Octobre polonais avait amorcé la déstalinisation. En 1959, j’ai reçu une bourse de la Fondation Ford pour étudier à Paris. Le fait que je puisse recevoir de l’argent américain pour partir prouve bien qu’il régnait une atmosphère d’ouverture!

– Pourtant vous avez été inquiété…

– Oui, plus tard. Il y eut un recul en effet. En 1968, on m’a privé d’enseignement et de publication. Tout ce que je pouvais faire, c’est aller à la bibliothèque. On m’a laissé partir à Clermont-Ferrand. Je crois qu’ils étaient d’ailleurs contents que je parte…

– Puis ce fut Genève. Quelle a été votre première impression
de la ville?

– Mon premier souvenir a été le panorama de la ville vu du bord du lac, qui m’évoquait des gravures du milieu du XIXe siècle. Et surtout, j’y ai rencontré Sven Stelling-Michaud et Jean Starobinski, avec qui j’ai fondé le Groupe d’études du XVIIIe siècle, un lieu de rencontres informel qui fonctionne encore aujourd’hui.

– Dans «Job, mon ami», vous dites que l’héritage intellectuel des Lumières est mis en cause. Pourquoi?

– Ces accusations remontent aux années 1960-70 en France. On cherchait les racines du totalitarisme, en s’inspirant d’un très mauvais livre d’Hannah Arendt – personnalité remarquable par ailleurs: Les Origines du totalitarisme. En caricaturant, le schéma fonctionnait ainsi: Du Contrat social invoque la nécessité de la volonté générale. Et comme la volonté générale ne correspond pas aux volontés individuelles, la volonté générale est perçue comme une dictature. Donc le contrat social mène tout droit aux Jacobins et aux bolcheviks.

– En quoi est-ce un mauvais procès?

– Les régimes totalitaires n’aimaient pas beaucoup les Lumières. J’ai cherché des ouvrages marxistes sur Rousseau: il n’y avait presque rien. Il n’entrait pas dans le schéma, beaucoup moins que le baron d’Holbach, plus matérialiste, ou même Diderot. Par exemple, les Confessions étaient trop individualistes pour convenir au marxisme. Quant aux nazis, ils traitaient Rousseau de «métèque».

– «Les Lumières ne font pas système, elles sont une pensée en mouvement», avez-vous écrit dans «Job, mon ami». Est-ce cela, le piège à éviter? L’enfermement des Lumières dans un système?

– Oui, les Lumières n’existent pas en tant que système, elles sont une formation culturelle. Savoir si Rousseau fait partie des Lumières au même titre que le curé Meslier, autodidacte et athée, n’a pas de sens: le concept n’est pas inclusif ou exclusif, il sert à comprendre une manière de penser.

– Et cette manière de penser peut-elle éclairer nos choix politiques et de société?

– Je n’aime pas que l’on dise que Rousseau ou Diderot sont nos contemporains. Dans un récent colloque où se disaient ces choses-là, je me suis écrié: «J’aimerais vous annoncer que Rousseau est mort.» Les Lumières sont et restent une pensée du XVIIIe siècle. Je sais bien pourtant que l’on dit cela pour encourager les gens – les jeunes surtout – à lire les philosophes, ce que je souhaite de tout mon cœur.

– Vous montrez dans vos livres que les philosophes n’ont pas été ces précurseurs de la Révolution.
Et pourtant, leurs idées saturent l’espace politique de 1789.
N’est-ce pas un paradoxe?

– Non! 1789 a donné naissance à une figure historique inédite: le révolutionnaire. Il n’est qu’adjectif au début, et signifie partisan des idées de la Révolution française, c’est tout. Plus tard, le mot change de sens: le révolutionnaire devient celui qui prépare une révolution. Un personnage fait la jonction entre les deux: un disciple de Babeuf, Philippe Buonarroti, qui échappe à la guillotine en 1797 et sera exilé à Genève. Surveillé étroitement par toutes les polices du monde, il recevait les Carbonari chez lui, place du Molard. Eux sont des révolutionnaires au sens propre: ils veulent une révolution comme moyen privilégié d’opérer un changement politique. Et ils ont un modèle. Tandis qu’en 1789 les «révolutionnaires» n’en ont pas. Ils ont tous glissé dans la Révolution.

– N’y a-t-il pas un modèle,
celui de l’Angleterre au XVIIe siècle, ou plus près encore, des Etats-Unis?

– Le modèle anglais ne convenait pas, c’était avant tout une révolution religieuse. Quant à la Révolution américaine, elle est moins perçue comme un mouvement d’émancipation sociale que comme un mouvement d’indépendance contre les colonisateurs. On revendique davantage la liberté que l’égalité. Et pour les Français de l’époque, les Etats-Unis n’ont pas d’histoire, ils vivent sur une terre neuve, tandis que la France est une nation ancienne sur un territoire ancien. Dès lors faire la révolution en France c’est concevoir le temps d’une autre manière, introduire une rupture dans le temps, «régénérer» la nation, la faire renaître.

– Et pourtant, la Révolution
n’a pas su abolir les contraintes
de l’histoire. Ni même tenir
complètement ses promesses
de liberté et d’égalité…

– Si l’on pousse la liberté et l’égalité à l’extrême, ces valeurs apparaissent inconciliables l’une envers l’autre. Et si l’on transforme une valeur en absolu, elle ne tolère pas d’autres valeurs. Mais gardons-nous des anachronismes: la société du XVIIIe siècle, inégalitaire, divisée en états, n’a rien de commun avec aujourd’hui. A la question «Qui êtes-vous?», l’homme d’avant 89 répond: «Je suis cordonnier», ou: «Je suis noble». Et après 89: «Je suis citoyen français.» Tout le bouleversement de la révolution française est là.

– Dans vos travaux, vous
déconstruisez les mythes bâtis
par l’histoire, celui par exemple
qui veut que Lumières et Révolution se combinent naturellement.
Est-ce cela, le métier d’historien?

– Quand on m’a privé d’enseignement en Pologne, on me traitait de révisionniste. Ils avaient raison, au fond. Je crois que tout historien est révisionniste, à moins d’être l’idéologue officiel qui répète les clichés. La recherche historique, c’est remettre les choses en cause. Le but n’est pas seulement d’ajouter une pierre à l’édifice, mais aussi de construire quelque chose de nouveau. Mon point de départ consiste à tomber sur un événement ou un symbole qui contredit les clichés. J’ai réalisé par exemple que ce sont les Thermidoriens (de 1794) qui ont panthéonisé Rousseau, alors que son héritage politique s’apparentait à leurs pires ennemis, les Jacobins, qu’ils venaient de ren­verser.

– Pensez-vous que la démocratie
est en crise?

– Je ne vois pas aujourd’hui d’idéologie qui la menacerait fondamentalement. Sa vraie crise, elle l’a vécue entre les deux guerres mondiales. Tout l’héritage culturel, politique et social européen était alors au bord du gouffre. La démocratie était attaquée par la gauche comme par la droite. Nous nous en sommes finalement sortis renforcés. Il n’y a plus de menace néofasciste, ni communiste. Et même, les jeunes communisants d’aujour­d’hui ne se rendent pas compte à quel point ils sont en rupture avec leurs prédécesseurs.
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Родион Романович Раскольников
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MessagePosté le: 19 Nov 2011 15:50    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour cet article fort intéressant même si le titre est inutilement provocateur.
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"C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité." Blaise Pascal
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Raskolnikoff
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MessagePosté le: 19 Nov 2011 21:52    Sujet du message: Répondre en citant

Mais Cyber, je n'ai fait que reprendre le titre de l'article, extrait de ce que l'auteur affirme:
Citation:
Je crois que tout historien est révisionniste, à moins d’être l’idéologue officiel qui répète les clichés. La recherche historique, c’est remettre les choses en cause. Le but n’est pas seulement d’ajouter une pierre à l’édifice, mais aussi de construire quelque chose de nouveau. Mon point de départ consiste à tomber sur un événement ou un symbole qui contredit les clichés.


J'ai aussi trouvé l'article intéressant, et c'est la raison pour laquelle je l'ai porté ici, hélas, il n'a pas eu beaucoup de succès sur le forum jusqu'à présent....

Quand l'auteur affirme:

Citation:
Si l’on pousse la liberté et l’égalité à l’extrême, ces valeurs apparaissent inconciliables l’une envers l’autre. Et si l’on transforme une valeur en absolu, elle ne tolère pas d’autres valeurs.


je ne peux qu'adhérer à ses propos......C'est en fait une critique des totalitarismes de la pensée.....et cela fait réfléchir même si les uns et les autres ne sommes à l'abri de telles dérives.....
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Родион Романович Раскольников
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MessagePosté le: 21 Nov 2011 15:02    Sujet du message: Répondre en citant

Rassurez vous je trouve l'article fort intéressant et je vous remercie de l'avoir partagé ici...
Il y a 80 clics environs, donc il a été lu ou parcouru par des dizaines de forumeurs. Mais la règle maintenant c'est consommer mais pas partager...
Que voulez-vous?

Dans ces conditions moi aussi je m'abstiens d'intervenir régulièrement géné de voir en majorité mon nom sur la liste des contributions...
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