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[Dr_Hergele]

France vendredi10 décembre 2010
Brice Hortefeux s’embourbe dans 10 centimètres de neige
Par Catherine Dubouloz, Paris
Sur les chaînes d’information, auditeurs et spectateurs enragent face au «déni de pagaille» du ministre de l’Intérieur. De mercredi après-midi à jeudi, l’Ile-de-France a été paralysée par la neige, avec des milliers d’automobilistes dans l’impossibilité de rentrer chez eux

Dure journée pour Brice Hortefeux. Jeudi matin, après une nuit sans sommeil au chevet d’une Ile-de-France paralysée par une dizaine de centimètres de neige, le ministre de l’Intérieur a fait la tournée des radios et des plateaux télé pour justifier sa légère erreur d’appréciation de la veille. Mercredi, avant 17 heures, alors que Paris est bloquée et que les camions sont à l’arrêt sur les autoroutes du pourtour de la capitale, l’ami de toujours de Nicolas Sarkozy ne voit «pas de pagaille» autour de lui. Il y a quelques semaines, lors des grèves des dépôts de carburants, Jean-Louis Borloo, encore ministre de l’Environnement, assurait aussi qu’il n’y avait pas de pénurie d’essence au moment où les stations services étaient à sec. Cette bévue a largement contribué à lui barrer la route de Matignon.

«Pareilles inepties!»

Durant la journée, la petite phrase de Brice Hortefeux a rendu goguenards ou furieux auditeurs et internautes, selon qu’ils écoutaient les nouvelles au chaud chez eux ou gelés, coincés dans leur voiture. «Vaut mieux entendre ça que d’être sourd! Comment peut-on sortir de pareilles inepties! Pas besoin de sa science pour voir que c’est tout simplement le «bordel» dès qu’il tombe 10 cm de neige», écrit un lecteur sur le site du Parisien, dans un commentaire représentatif du buzz ambiant. Un naufragé de la route fulmine: «Comment peut-il y avoir une telle pagaille en 2010? On n’est pas en 1900 quand même!»

Face à l’impréparation des autorités devant cet épisode neigeux annoncé, la colère et la stupéfaction étaient unanimes parmi les victimes des intempéries. A Paris, plus aucun bus ne circulait dès mercredi après-midi. La cadence des métros était ralentie, les rames prises d’assaut par des voyageurs excédés et bougons. En banlieue, des milliers d’automobilistes se sont retrouvés bloqués dans 400 kilomètres de bouchons, sur des routes glissantes et non dégagées, notamment dans l’ouest et le sud parisiens. Pour certains, l’attente s’est poursuivie durant la nuit.

Le lendemain, à la télévision, une mère raconte comment elle a marché des heures dans le froid, sans aide, le long de la route nationale, son enfant en bas âge dans les bras. Au matin, Frédéric entame sa 17e heure d’embouteillage sur une autoroute verglacée sans avoir vu l’ombre d’un chasse-neige, d’une saleuse ou d’un représentant de l’Etat. Le fait est qu’à ce moment, véhicules et personnels d’urgence sont aussi immobilisés. A Vélizy, un centre commercial a servi d’abri nocturne aux naufragés de la route, les plus chanceux trouvant refuge dans un magasin de literie. Les mairies ont ouvert des gymnases, transformés en gigantesques dortoirs. Des salariés ont dormi dans leur entreprise. En tout, 78 centres ont accueilli 3300 personnes, selon le Ministère de l’intérieur. Vélizy, elle, parle de 7000 personnes secourues.

Brice Hortefeux justifie cette ­gabegie par l’arrivée d’un «phénomène météorologique totalement exceptionnel, comme l’Ile-de-France n’en a plus connu depuis une génération». Une allégation à demi confirmée par Météo-France: «La neige, lourde et collante, a laissé une couche de 5 à 10 centimètres en général, parfois jusqu’à 15 cm.» Un épisode qualifié de «remarquable mais non exceptionnel», comme on en rencontre en moyenne tous les cinq à dix ans dans la région. Dans Paris intra-muros, 12 centimètres ont été relevés à la station Montsouris: «Il faut remonter à janvier 1987 pour trouver des quantités de neige similaires.»

Mission d’expertise

Hier matin, prenant toute la mesure de la situation et après avoir annulé un voyage au Maroc, le ministre a déconseillé de circuler en voiture. Il a même appelé les Franciliens à renoncer à sortir de chez eux. Les camions sont restés interdits de circulation, les voitures (en général sans pneus neige) immobilisées sur des routes transformées en patinoire. Brice Hortefeux a annoncé l’envoi d’une mission d’expertise à l’étranger dans un pays au climat similaire, donc «pas au Canada, ni en Russie», pour étudier la façon de gérer les chutes de neige. Grand seigneur, il a également promis que les véhicules abandonnés sur le bas-côté de la route par des conducteurs frigorifiés et exténués ne seraient pas verbalisés.


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