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Débat multilingue : Liberté d'expression, islamophobie etc..

 
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Raskolnikoff
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MessagePosté le: 15 Jan 2015 16:32    Sujet du message: Débat multilingue : Liberté d'expression, islamophobie etc.. Répondre en citant

(Je porte ici l'article d'un ami, en vous invitant par la même occasion, à lire KEDISTAN.....)

http://kedistan.fr/2015/01/13/est-il-de-mon-devoir-en-tant-que-lecteur-de-charlie-hebdo-de-condamner-les-incendies-de-mosquees/


Est-il de mon devoir, en tant que lecteur de Charlie Hebdo, de condamner les incendies de Mosquées ?

Nous sommes Charlie




Tout le monde bien sûr est encore bouleversé par ce qui vient de se passer au siège de Charlie Hebdo, l’un des piliers de l’humour de notre pays, reflet, comme je l’ai déjà expliqué, de tout un pan de notre culture.

T’ai-je dis que le soir de l’attentat je recevais un coup de fil de Meme. Meme n’est pas ma grand-mère. Je tiens à le dire parce que la confusion est assez fréquente. Non, Meme, c’est vraiment un de mes plus vieux frangins. On s’est connus à l’hosto y’a de cela 25 piges. Meme venait alors du Mali pour se faire opérer en France. Nous avons vécu énormément de choses ensemble, lui et moi, et puis aussi mon frangin Male. Nous étions tous les trois comme cul et chemise. A l’époque je lisais déjà les Charlie Hebdo et autres Fluide Glacial. A l’époque, putain, on ne parlait pas de tout ça. Et qu’est-ce qu’on a pu rire aux larmes tous les trois. C’est avec Meme et Male qui aujourd’hui vie un peu entre la France et le Mali, que j’ai connu la chaleur des foyers maliens de Paname au début des années 90. D’autres diraient « la misère », parce que c’est vrai, en France, j’ai rarement vu endroit si miséreux, où l’Etat laisse les gens à leurs sorts, et comme je l’ai d’ailleurs tellement entendu « parce que vous comprenez, mon bon monsieur, ces gens là, pour eux déjà, ça, c’est le luxe ! ». J’ai vu les rats, les cafards, les travailleurs entassés à 10 dans une carrée comme la mienne, d’à peine 10 mètres carrés. Enfin, c’est pas bien dur de s’imaginer l’état des lieux pour qui n’y a jamais mis les pincecailles, il lui suffit simplement de regarder Black Mic Mac, de Thomas Gilou sorti en 1986 avec Jacques Villeret et Isaac de Bankolé pour s’en donner un bel aperçu. Mais c’est surtout avec Meme et Male que j’ai découvert le tiep et le mafé, et appris à bouffer avec les mains en roulant le riz dans le creux de la paume, tous assis par terre ; c’est avec Male et Meme surtout, que j’ai découvert Salif Keita, et que j’ai pu comprendre l’âme qui était aux racines de cette musique qui me hante, le blues. Je ne remercierais jamais assez ces deux là de toute la chaleur humaine, du soutien, de la brûlante fraternité, de la joie de vivre, de l’intelligence et de la sagesse qu’ils m’ont apporté, sans failles depuis 25 ans. Et surtout, je les remercie de m’avoir appris, plus que tout autre chose, à nous aimer les uns les autres malgré nos différences.

Meme, même s’il a pris la nationalité française il y a quelques années, ne se sent pas français, ni chez lui, parce que, comme il dit « on me le répète assez souvent ». Et je ne sais pas à qui, bordel, cela fait le plus mal, de lui ou de moi ?

Mercredi, donc, quand j’ai eu mon frangin au téléphone, malgré le fait que j’étais effondré, cela m’a fait chaud au cœur d’entendre la voix de mon frangin à l’autre bout du fil. Tout de suite, nous avons embrayé sur l’actu ; et l’actu, bien évidemment, c’était l’horreur. Et là il s’est passé un truc incroyable. Pour la première fois, j’ai senti comme un malaise. J’ai senti qu’il avait l’impression de devoir condamner cet attentat. A moi ! Son vieux pote ! Du coup, ça m’a fait mal… Attends, je vais te dire pourquoi ? Parce que faut que je t’explique quand même que mon vieux frangin et moi, depuis qu’on est gosses, les questions de croyance et de non croyance, ça se règle avec le cœur. Par exemple, le Meme, il te prie Allah 5 fois par jour. Quand c’est l’heure et qu’on est que tous les deux, hop, il prend son tapis, et roule ma poule, il prie à côté de moi pendant que je suis à table ou en train de tapoter le clavier. Et moi, aussi étrange que cela pourra te paraître, je ferme ma grande gueule pour qu’il puisse être le plus tranquille du monde. Ou alors quand y’a trop de monde, il s’éloigne pour s’isoler et prier tranquillement pour pas déranger les gens et qu’ils continuent à faire ce qu’ils faisaient. Tu vises un peu la peu la pudeur du mec ? Et attends, c’est pas terminé ! Des fois on est à table et chez lui, et bien on s’enfile notre pinard alors que lui ne fait jamais entrer une goutte. Et que ce soit chez lui le musulman sunnite ou chez moi l’anarchiste athée anticlérical, ne change rien. Chez moi il prie comme il veut, à l’heure qu’il veut, et y’a pas intérêt à venir l’emmerder. Tout comme, par ailleurs, je n’ai jamais supporté tous ces abrutis qui s’amusent à faire bouffer du porc aux musulmans en les trompant parce qu’ils trouvent ça marrant. Moi, je ne trouve pas ça marrant. Du tout. Au contraire, je trouve ça con et méchant. Et comme je serais capable de mort si on venait le faire chier pendant qu’il prie, il serait capable d’étriper celui qui viendrait m’emmerder parce que je bouffe ou que je bois pendant le ramadan. Et si je te dis ça droit dans mes pompes, c’est que tu te doutes bien qu’en 25 piges, on a eu largement le temps d’expérimenter la solidité de notre amitié, et qu’on en a vu défiler, tout un tas de connards essayant de venir nous diviser sur ce qui nous différenciait. Mais jamais, ô grand jamais, cela n’a fonctionné. Le résultat à toujours été le même, la réception à grands coups de pieds dans l’arrière train et le retour des trublions sur orbite. Et tu sais pourquoi ? Simplement parce que notre amitié a, pour nous, un caractère sacré. Et je souhaiterait à tout le monde de connaître l’amitié granitique et incassable que l’on se porte tous les deux depuis 25 piges.

Venir me dire, à moi, qu’il condamnait l’attentat. Ca m’a fait mal ! Comment j’aurais pu penser qu’il s’en réjouissait ? Lui dont le parcours de vie est un exemple de droiture. Lui d’habitude si paisible que j’ai vu devenir rouge de colère pendant des journées entière à en vouloir prendre une arme pour aller déssouder les intégristes qui venaient de prendre la ville sacrée de Tombouctou. Penser avoir ne serait-ce que le début du commencement de l’ombre d’un doute sur le fait qu’il puisse ou non condamner cet acte barbare, aurait été pour moi lui faire la pire des insultes. Et cela m’a blessé. Profondément. Douloureusement. Eperdument.

Alors je me suis posé ouvertement cette question : « Pourquoi serait-il de son devoir en tant que musulman, de condamner ou non et à quelles conditions, cet horrible attentat perpétré contre le siège de Charlie Hebdo, et plus généralement, de condamner toutes les horreurs perpétrées au nom de l’islam ? »

Dans la société que j’aimerais voir fleurir, qui est celle de Louise Michel quand elle déclare que « la Révolution sera la floraison de l’Humanité, comme l’Amour est la floraison du cœur », et qui est une société libertaire ; dans le monde dans lequel je vie, celui dans lequel je me reconnais – dans le monde à Aurel, si tu préfères ! – les humains sont entièrement libres et, parce qu’ils ont un haut degré de conscience, se refusent de faire peser sur l’ensemble les erreurs d’une poignée d’imbéciles.

Alors j’ai dis à mon frangin qu’il n’avait strictement à se disculper de rien, et que s’il pensait devoir condamner l’attentat, cela ne devait être qu’en tant que n’importe quel être humain et qu’en aucun cas il n’avait à se disculper de quelque horreur que ce soit, sous le simple prétexte qu’il était musulman. A cela j’ai ajouté un argument de taille, que si l’on commençait à faire peser le doute sur chacun d’entre nous, alors on allait tous finir dans la parano, la peur de l’autre, et que ce genre de climat ne pouvait mener qu’au pire, ne l’avions-nous pas déjà vu dans notre histoire ? Puis j’ai terminé en lui expliquant que lui, en tant qu’africain d’origine, ne demandait pas à toute personne qu’il rencontrait s’il condamnait ou non l’esclavage et le colonialisme ? Que de, par la simple couleur de peau, par la simple religion, faire peser de tels doutes sur une personne, n’était rien d’autre qu’insultant.

N’ai-je pas eu raison, franchement ? Ah ! Tu trouves, n’est-ce pas, toi aussi, que c’était le bon discours à tenir ? Que c’était être juste et humain ? Merci, tu me réconfortes…

J’ai donc pris congé de mon frangin et je suis allé mettre dans la viande dans le torchon pour faire un bon somme et oublier toute cette folie.

Le lendemain matin je me suis réveillé avec les mosquées qui brûlent…

Non, mais quelle monde de dingues ! Alors bon… c’est là que ça a commencé à être plus compliqué. Oui, parce qu’à partir de ce moment là, c’est moi qui est commencé à me foutre en colère en voyant tous ces tarés incendier des lieux de prières au risque de vies humaines, en taguant des « je suis Charlie » sur les murs noircis. Et j’ai commencé à ressentir profondément le besoin de condamner ces actes. Et c’est à ce moment précis, tu noteras bien, que m’est revenu en pleine poire la fameuse question, sous une forme cette fois appliquée à ma personne :

« Est-il de mon devoir, en tant que lecteur de Charlie Hebdo, de condamner et sous quelles conditions, les incendies criminels perpétrés contre les mosquées suite à l’attentat contre le journal par deux intégristes islamistes ? »

Je dis bien « sous quelles conditions » parce que j’en entends déjà dire « oui, mais… ». « Oui mais ils l’ont quand même un peu cherché… ». « Oui, mais si tu réfléchis bien… ». Exactement les même « oui mais » que je pouvais entendre la veille, et que j’entends encore, sur l’attentat du journal par les intégristes. « Oui, mais ils l’ont bien cherché fallait pas caricaturer notre prophète ».

Alors là, je me suis dis Ya Basta ! Ca suffit ! Ras le derche ! Ras le bol de vos « Oui mais » ! On en crève de vos « oui mais… ». Les même « oui mais » quand une fille qui vient de se faire violer va déposer plainte au commissariat et qu’elle entend dire « oui mais vous avez vu où vous vous promenez aussi… ». Le même « oui mais » qu’on lui rétorque dans la rue « oui mais t’as vu comment t’es fringuée, aussi, salope ? ». Nan, mais c’est quoi cette mentalité qui cherche systématiquement à disculper la victime pour ne pas froisser l’oppresseur ? Voire à lui trouver des circonstances atténuantes. Tiens, tu veux que je te dise ? Je crois que j’ai jamais entendu parler autant de « oui mais » que depuis qu’on nous parle de « tolérance zéro ». C’est paradoxale pour le coup, tu ne trouves pas ? Et bien moi, je dis la « tolérance zéro » elle commence au niveau individuel. Commençons déjà, à ne rien tolérer de notre part. Et peut-être que notre monde respirera un peu mieux…

Parce que oui, j’avais tort. Tort de dire à mon frangin qu’il n’avait pas à condamner la fusillade de Charlie Hebdo. Tort, tout d’abord, parce que nous ne vivons pas dans une société libertaire, sans frontières, ni Etats. Où chacun parce qu’il est pleinement responsable de ses actes est l’assurance de la liberté de l’autre. Nous ne vivons pas dans une société où l’individu a pour but en grandissant et surtout d’élever son niveau de conscience afin de le hisser au plus haut. Conscience de l’importance de l’éducation, de la responsabilité individuelle, de l’infini richesse de la différence. Conscience de l’autre et de son environnement. Conscience de l’infini préciosité de la vie.

Nous, nous ne vivons pas dans une société comme celle là. Une société anarchiste. Sans pouvoir ni domination. Sans castes. Sans croyances religieuses. Au contraire. Nous vivons dans une société malade. Malade de n’en plus pouvoir de mettre les humains dans des cases. Malade du surplus d’information, d’images, de bruits qui n’ont d’autres but que de venir brouiller la communication entre les individus. Malade de rejeter toujours la faute son prochain. Malade de ses dogmes, qu’ils soient religieux ou nationalistes. Malade de sacraliser tout ce qui n’est que du vent, l’argent, l’image d’une beauté formatée par des magazines pour des industriels de l’habillement. Malade de ne plus faire rien d’autre que de regarder ses pompes dans la rue, de peur de croiser le regard de l’autre, de peur de sa réaction, de ce qu’il pourrait dire, ou faire. Malade de ne plus vivre autrement les sensations que par ses phantasmes nourris de préjugés. Malade, enfin, de ne plus pouvoir se regarder dans la glace et de se trouver encore belle malgré l’âge, de ne plus sentir son cœur battre et le parfum des fleurs. Malade de ne plus s’aimer. Malade de ne plus pouvoir dire « je t’aime » sans risquer de s’en offenser. Malade d’avoir oublié ce qu’était vraiment l’amour. Que ce n’est pas de dire « amen » à tout, mais au contraire de se sentir pleinement en confiance pour pouvoir tout dire librement et sans tabou ni autocensure. Parce que regarder l’autre à égalité qu’on se regarde soit-même dans la glace, c’est le traiter humainement. Avec respect et dignité.

Et tout comme on en crève des « oui mais » on crève aussi de cette obsession de ne pas vouloir blesser l’autre. Comme si l’autre n’était pas assez intelligent pour comprendre, l’humour, la pudeur, le second degré. Assez humain pour accepter la critique sans se transformer tout de suite en bête immonde. Cette obsession de ne pas « heurter la sensibilité de l’autre » ne cache en fait que de la lâcheté, de la bêtise, de l’ignorance. Parce que communiquer avec l’autre librement et sans tabou demande un peu plus que de se lécher la pomme comme on le fait aujourd’hui par millions sur les réseaux sociaux. A partager des images et à se flatter. « Salut ma chérie, comment tu vas, t’es superbe, faut qu’on se voit… ». Aller à la rencontre de l’autre et poser les bases d’un débat afin de pouvoir commencer à construire une société ensemble dans le respect de chaque individu, et non en enfermant les individus dans des cases communautaires, demande du courage, de l’abnégation, et un profond amour pour l’être humain.

J’ai lu un jour quelque part qu’un artiste était un enfant qui n’avait pas abdiqué. C’est tellement vrai ! Un enfant, c’est tellement libre, ça ne se pose tellement pas de questions à savoir si ça va heurter ou non, ça pose sa question et point barre. Alors pourquoi est-ce en grandissant que l’on se met tant à infantiliser l’autre ?

C’est pourquoi il nous faut tous condamner les horreurs de ce monde. Pourquoi il en va de notre responsabilité de chacun. Il nous faut condamner la colonisation, condamner la guerre d’Algérie, condamner l’implication de la France dans le génocide rwandais, condamner le racisme sous toutes ses formes, condamner notre politique raciste d’intégration des populations depuis ces 60 dernières années et qui ont, du fait de fabriquer une classe de sous-citoyens et d’avoir laissé les populations à leur triste sort dans leur misère, n’a fait que nourrir l’intégrisme. Et bien sûr il nous faut condamner tous les intégrismes, sans distinction, tous les racismes. Condamner sans relâche, sans distinction, et sans faiblir. Non au nom d’une communauté, mais en son nom propre. Rappeler qui l’on est et pourquoi on refuse sans condition la barbarie. Parce que c’est la même barbarie qui mitraille des caricaturistes au nom du Coran que celle qui brûle des mosquées au nom de Charlie Hebdo. Parce que l’horreur et la barbarie sont l’abnégation de toute logique, de toute intelligence, de toute humanité. Condamner non entre personnes se connaissant, dans la sphère privée ; mais condamner publiquement. Parce qu’il en est de la responsabilité de chacun de rétablir de bonnes bases qui serviront à établir un dialogue sainement. Pour qu’enfin, un jour, fleurisse cette société libertaire que nous méritons tous. Car ce serait bien trop moche si l’être humain n’était né que pour se faire du mal. Il faut croire de toutes nos forces et du plus profond de nous même, que nous méritons mieux, que nous pouvons construire ce monde meilleur. Si ce n’est pour nous, pour les générations à venir.

Nous méritons tous de découvrir le monde chaque mercredi avec le nouveau Charlie Hebdo, autrement qu’avec le regard sinistre d’adultes résignés à attendre la mort; mais celui d’enfants espiègles, rieurs, taquins, irrévérencieux et tendres, émerveillés de vivre comme au premier jour.
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Родион Романович Раскольников
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MessagePosté le: 15 Jan 2015 16:43    Sujet du message: Répondre en citant

Un article en anglais qui mérite également d'être lu et discuté.......;

http://www.nytimes.com/2015/01/09/opinion/david-brooks-i-am-not-charlie-hebdo.html?smid=nytcore-ipad-share&smprod=nytcore-ipad&_r=0

I Am Not Charlie Hebdo


.

The journalists at Charlie Hebdo are now rightly being celebrated as martyrs on behalf of freedom of expression, but let’s face it: If they had tried to publish their satirical newspaper on any American university campus over the last two decades it wouldn’t have lasted 30 seconds. Student and faculty groups would have accused them of hate speech. The administration would have cut financing and shut them down.

Public reaction to the attack in Paris has revealed that there are a lot of people who are quick to lionize those who offend the views of Islamist terrorists in France but who are a lot less tolerant toward those who offend their own views at home.

Just look at all the people who have overreacted to campus micro-aggressions. The University of Illinois fired a professor who taught the Roman Catholic view on homosexuality. The University of Kansas suspended a professor for writing a harsh tweet against the N.R.A. Vanderbilt University derecognized a Christian group that insisted that it be led by Christians.

Americans may laud Charlie Hebdo for being brave enough to publish cartoons ridiculing the Prophet Muhammad, but, if Ayaan Hirsi Ali is invited to campus, there are often calls to deny her a podium.
.
So this might be a teachable moment. As we are mortified by the slaughter of those writers and editors in Paris, it’s a good time to come up with a less hypocritical approach to our own controversial figures, provocateurs and satirists.

The first thing to say, I suppose, is that whatever you might have put on your Facebook page yesterday, it is inaccurate for most of us to claim, Je Suis Charlie Hebdo, or I Am Charlie Hebdo. Most of us don’t actually engage in the sort of deliberately offensive humor that that newspaper specializes in.


We might have started out that way. When you are 13, it seems daring and provocative to “épater la bourgeoisie,” to stick a finger in the eye of authority, to ridicule other people’s religious beliefs.

But after a while that seems puerile. Most of us move toward more complicated views of reality and more forgiving views of others. (Ridicule becomes less fun as you become more aware of your own frequent ridiculousness.) Most of us do try to show a modicum of respect for people of different creeds and faiths. We do try to open conversations with listening rather than insult.

Yet, at the same time, most of us know that provocateurs and other outlandish figures serve useful public roles. Satirists and ridiculers expose our weakness and vanity when we are feeling proud. They puncture the self-puffery of the successful. They level social inequality by bringing the mighty low. When they are effective they help us address our foibles communally, since laughter is one of the ultimate bonding experiences.

Moreover, provocateurs and ridiculers expose the stupidity of the fundamentalists. Fundamentalists are people who take everything literally. They are incapable of multiple viewpoints. They are incapable of seeing that while their religion may be worthy of the deepest reverence, it is also true that most religions are kind of weird. Satirists expose those who are incapable of laughing at themselves and teach the rest of us that we probably should.
.
In short, in thinking about provocateurs and insulters, we want to maintain standards of civility and respect while at the same time allowing room for those creative and challenging folks who are uninhibited by good manners and taste.
Do you think being humorless qualifies you to sit at the adult table? And do you think being humorless somehow indicates your grasp of...
.
If you try to pull off this delicate balance with law, speech codes and banned speakers, you’ll end up with crude censorship and a strangled conversation. It’s almost always wrong to try to suppress speech, erect speech codes and disinvite speakers.

Fortunately, social manners are more malleable and supple than laws and codes. Most societies have successfully maintained standards of civility and respect while keeping open avenues for those who are funny, uncivil and offensive.

In most societies, there’s the adults’ table and there’s the kids’ table. The people who read Le Monde or the establishment organs are at the adults’ table. The jesters, the holy fools and people like Ann Coulter and Bill Maher are at the kids’ table. They’re not granted complete respectability, but they are heard because in their unguided missile manner, they sometimes say necessary things that no one else is saying.

Healthy societies, in other words, don’t suppress speech, but they do grant different standing to different sorts of people. Wise and considerate scholars are heard with high respect. Satirists are heard with bemused semirespect. Racists and anti-Semites are heard through a filter of opprobrium and disrespect. People who want to be heard attentively have to earn it through their conduct.

The massacre at Charlie Hebdo should be an occasion to end speech codes. And it should remind us to be legally tolerant toward offensive voices, even as we are socially discriminating.

---------

A version of this op-ed appears in print on January 9, 2015, on page A23 of the New York edition with the headline: I Am Not Charlie Hebdo. Order Reprints| Today's Paper|Subscribe
.
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MessagePosté le: 15 Jan 2015 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

.Il est triste de devoir rappeler le principe essentiel de notre société : LAICITE

Objet :il est triste de devoir rappeler le principe essentiel de notre sociétè : LAICITE






BRAVO CHARLIE HEBDO?

Quelle GIFLE, lisez bien jusqu'au bout, c'est un pur délice !

Cette réaction de Charlie Hebdo est rare. C'est très bien

écrit !

Dès qu'eux-mêmes sont touchés, c'est plus la même

chanson ! Il y a de l'espoir...

Fallait pas toucher à Charlie-Hebdo!

Lettre de Charlie Hebdo à M. Mohammed Moussaoui,

Président du C.F.C.M (Conseil Français du Culte

Musulman)

Pour une fois, de la part de Charlie-Hebdo...

Monsieur Moussaoui,

La Publication du Numéro de "Charlie Hebdo" représentant

Mahomet vient de donner lieu une fois encore à des

Représailles lamentables de la part d'individus décidément

bien peu éclairés que, au titre de Président du C.F.C.M, vous

avez le Devoir de canaliser.

Dans "Le Monde" paru ce Mercredi vous affirmez ne pas voir

de lien entre les Élections en Tunisie et en Libye et l'Outrage

caricatural nous rappelant tant bien que mal ce qu'est la

Charia, ou tout au moins sa partie la plus spectaculaire pour le

Citoyen Français de base peu au fait de ce qui se passe sur

son Sol.

Je vous tiens pour quelqu'un d'intelligent et de cultivé,

Vous devez donc savoir qu'en France la Caricature est une

Tradition très ancienne et un Art très prisé, qu'aucun Sujet n'y

échappe et surtout pas un Sujet d'Actualité, et l'Instauration de

la Charia sur un Sol resté longtemps Laïque est un Sujet

suffisamment grave et inquiétant pour ne pas faillir à la Règle.

La Charia, l'Islam, n'ont pas à faire exception à cette Règle.

La Charia est un Système Archaïque fondé il y a 14 Siècles,

profondément odieux, sexiste, rétrograde, discriminant et

antidémocratique.

Dénoncer ce Système par la Caricature est un Procédé visant

à en montrer toute l'Abjection.

Condamner la Charia, Monsieur, est un Acte de Salubrité

Publique nécessaire à la Démocratie dont vous profitez

puisque c'est en France que vous vivez en toute Liberté.

Jouiriez-vous de la même Liberté au Maroc ?

J'en doute fort, sinon comment expliquer la Présence aussi

énorme de Marocains abandonnant le Maroc pour la France ?

C'est bien que l'air y est plus doux et plus libre ici.

Cette Charia, prônée par Le Coran et faisant Partie intégrante

de l'Islam (le Coran est la Base de l'Islam, l'Islamisme n'en

étant que son Expression la plus spectaculairement

virulente), il est hautement souhaitable de s'en inquiéter,

d'autant qu'une bonne partie de ceux qui ont permis ce

Désastre antidémocratique vivent sur notre Sol et que des Élus

« dhimmis » comme les nomme votre Dogme, appellent de

leurs voix le Droit de ces Promoteurs Chariamistes de se

présenter à des Elections avec les Conséquences terribles

qu'on imagine.

Vous déclarez que « Pour les Musulmans, le simple fait de

caricaturer le Prophète est, en soi, inacceptable et blessant »

Blessant, je le conçois, mais inacceptable ?

Ce qui est inacceptable, c'est d'Interdire le Divorce,

"y compris en France."

Ce qui est inacceptable, c'est d'Autoriser la Polygamie,

"y compris en France."

Ce qui est inacceptable, c'est de Considérer que la Femme

est inférieure à l'homme,

" y compris en France."

Ce qui est inacceptable, c'est d'Enfermer les Femmes sous

des Linceuls noirs,

"y compris en France"

Ce qui est inacceptable, c'est de Refuser à la Femme

d'épouser l'homme de son choix, pour lui faire épouser

celui que sa famille a choisi pour elle,

"y compris en France."

Ce qui est inacceptable, c'est qu'il existe un «Conseil

Européen de la Recherche et de la Fatwa décrétant les

Fatwas ayant pour Vocation d'être appliquées en France».

En France, Aucune Loi ne punit le Blasphème, comme l'a

d'ailleurs démontré la récente Affaire du Coran brûlé, et qui a

vu la relaxe de l'Incendiaire.

En conséquence en France, Monsieur Moussaoui, il est permis

de brûler un Coran si on le souhaite, et de Caricaturer et de se

moquer d'un Prophète, fût-il le vôtre. Les différentes

Manifestations Hostiles à cette Publication de Charlie Hebdo

n'ont pas manqué de fleurir sur les Forums, certains insultant

copieusement les Français, d'autres réclamant à grands Cris

des Caricatures de « juifs de 40 », ce qui semble assez loin de

votre souhait d'un «désaccord exprimé dans le Respect des

Lois et de l'Intégrité des personnes »

Vous devriez d'ailleurs rappeler à vos Coreligionnaires si

bienveillants et aimants envers les Citoyens qui les accueillent,

que la Fête de l'Aïd el-Adha qu'ils vont fêter dans quelques

jours est un vibrant Hommage à Abraham, un Juif !

À mon avis, certains doivent ignorer ce Détail au vu du

niveau intellectuel remarquablement bas de leurs

Commentaires.

Dans votre intertview, une phrase m'interpelle tout

particulièrement : «Dans le même temps, ils doivent accepter et

comprendre que dans nos Sociétés le Rapport au sacré n'est

pas le même pour tous».

J'aimerais savoir de quelle Société vous parlez ?

Est-ce la Société Musulmane,

Est-ce la Société Française,

Est-ce la Société Marocaine ?

Si c'est la Société Marocaine , c'est que vous ne vous
sentez pas Français.
Si c'est la Société
Musulmane , c'est que vous ne vous
sentez pas Démocrate
et si c'est la Société Française , je vous rappelle qu'elle n'a
aucun Rapport au Sacré puisque séparée du Religieux,
depuis qu'une célèbre Loi de 1905 en a décidé ains
i, ce
que manifestement, malgré votre Récente Naturalisation,
vous ne semblez pas avoir encore bien intégré
.
D'ailleurs, dans votre Document répertoriant les différents
Abattoirs pour l'Aïd, vous
illustrez parfaitement la difficulté que
vous et vos Coreligionnaires avez à vous considérer comme
des Citoyens Français à part entière puisque vous adressez
vos
vœux
aux
«Musulmans de France»
et non pas aux
Musulmans Français

Je v
ous invite donc, Vous et vos Coreligionnaires «de France»,
à vous interroger sur votre Rôle dans notre Société Française,
sur votre Capacité à adhérer à nos Valeurs Laïques et
Démocratiques, et sur votre Capacité à pratiquer l'Auto
-
Dérision; car décidément
, je vous trouve très coincés du
turban
.
J'attends avec impatience, votre Rapport sur les Actes
Islamophobes que vous avez recensés, et ne manquerai pas
de compiler de mon côté, les Actes Francophobes que je me
ferai un plaisir de vous
transmettre à mon tour.
Par ailleurs, en cherchant (vainement) vos Coordonnées, je
tombe à l'instant sur un Article du site c.f.c.m.t.v,
particulièrement insultant pour les Citoyens Français
.
Je suis très choquée par les Relents de Xénophobie de cet
Article dans lequel il est question de la France qualifiée de
«République malade et satanisée», de «protection bienveillante
d'un Pouvoir Occulte, «qui trouve toute sa Jouissance da
ns le
Spectacle du malheur d'une Frange indésirée de sa
Population», de «la France victime de son arrogance et de son
orgueil ».
En tant que Représentant des Musulmans en France, vous
seriez bien inspiré de veiller à ce que le Pays qui v
ous
accueille, et qui vous a accepté comme Citoyen, ne soit pas
insulté et traîné dans la boue par votre Communauté,
car si la
Loi sur le Blasphème n'existe pas, la Loi sur la Diffamation
existe bel et bien
.
Je
vous prierai donc de faire en sorte, que cet Article injurieux
soit rectifié, afin de ne pas créer davantage de tensions
.
Veuillez agréer, Monsieur Moussaoui, mes salutations
définitivement laïques
.
Caroline Alamachère
.


.
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MessagePosté le: 16 Jan 2015 11:49    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.lefigaro.fr/culture/2015/01/15/03004-20150115ARTFIG00094--charlie-hebdo-delfeil-de-ton-lance-une-polemique-sur-charb.php#xtor=AL-201

Charlie Hebdo : Delfeil de Ton lance une polémique sur Charb

Le journaliste âgé de 80 ans, l'un des fondateurs de l'hebdomadaire satirique, accuse, dans une chronique publiée dans L'Obs, l'ancien rédacteur en chef et dessinateur Stéphane Charbonnier d'avoir «traîné son équipe» à la mort.


Au fil des années, les membres de Charlie Hebdo n'ont jamais cessé de se livrer à des luttes intestines. Des luttes de pouvoir aussi bien que des luttes idéologiques. Voilà qu'une voix dissonante crée la polémique en s'exprimant dans les médias, une semaine jour pour jour après la date tragique des attentats du journal satirique, entrainant la disparition des entrailles de la rédaction.

Delfeil de Ton, le pseudonyme d'Henri Roussel, l'un des fondateurs du journal agitateur, sort de son silence quant à sa descendance à la rédaction, dont une partie a disparu dans les attentats terroristes du 7 janvier dernier. Dans les colonnes du Nouvel Observateur du 14 janvier où il tient sa chronique hebdomadaire, cet ancien de la famille Charlie crache son venin. «Je t'en veux vraiment Charb». Le journaliste âgé de 80 ans accuse le dernier rédacteur en chef d'avoir «trainé son équipe» à la mort, notamment en publiant des caricatures dont il regrette le degré de provocation.

La «surenchère» de Charb

«Il était le chef. Quel besoin a-t-il eu d'entraîner ses amis dans la surenchère?» questionne Delfeil de Ton dans sa chronique, accusant la persistance de Charb même après que les locaux soient incendiés en novembre 2011, après la sortie du numéro Charia Hebdo, illustré par des caricatures de Mahomet.

Henri Roussel, l'un des premiers rédacteurs de Hara-Kiri et membre de Charlie Hebdo jusqu'en 1975, va plus loin en se remémorant les paroles de Wolinski à l'époque de l'incendie criminel provoqué à la rédaction de Charlie Hebdo. «Je crois que nous sommes des inconscients vulnérables et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C'est tout» aurait dit le dessinateur. «On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d'années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire», raconte Delfeil en citant l'illustrateur regretté, ajoutant que malgré la mise en garde de son confrère «Charb l'a refait, un an plus tard, en septembre 2012».
«Un papier polémique et fielleux»

Mis à part ces accusations, Henri Roussel a fait le serment de ne plus s'exprimer sur le sujet, précisant au Monde qu'il a «refusé de parler aux télés, aux radios, à tout le monde. J'ai gardé mon témoignage pour L'Obs., qui l'a d'ailleurs mal tiré, et je ne suis pas près de l'ouvrir à nouveau sur le sujet».

Un seul et unique témoignage néanmoins surprenant qui en choque plus d'un, étant donné la proximité temporelle des événements mais aussi le ton employé par le journaliste de 80 ans. Alors que certains déplorent la reprise des propos de Wolinski jugés inappropriés, Richard Malka, l'avocat de Charlie Hebdo depuis plus d'une vingtaine d'années, n'aurait visiblement pas supporté de voir cet article publié dans la presse mercredi. Toujours selon Le Monde, Malka aurait envoyé un texto «scandalisé» à Mathieu Pigasse, l'un des actionnaires du Nouvel Observateur. «Charb n'est pas encore enterré que L'Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux», s'est-t-il indigné.
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MessagePosté le: 16 Jan 2015 11:52    Sujet du message: Répondre en citant

Aussi:

http://www.lefigaro.fr/medias/2015/01/13/20004-20150113ARTFIG00244-la-une-de-charlie-hebdo-censuree-par-de-nombreux-medias-anglo-saxons.php

........Au lendemain de l'attentat contre le journal satirique, de nombreux grands médias anglo-saxons avaient déjà évité de diffuser les caricatures controversées du journal pour ne pas «heurter les sensibilités religieuses», affirmaient-ils. «Après mûre réflexion, la direction du New York Times a décidé qu'une description des caricatures donnerait suffisamment d'éléments aux lecteurs pour comprendre la situation», expliquait mercredi dernier une porte-parole du journal. «Nous ne publions pas d'images délibérément provocantes, c'est notre politique depuis des années», s'était justifié Paul Colford d'Associated Press............


ALORS FORUMEURS, PERSONNE N'INTERVIENT?????
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MessagePosté le: 16 Jan 2015 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Une lettre de trois professeurs de Seine Saint-Denis à propos de Charlie

Nous sommes professeurs en Seine-Saint-Denis. Intellectuels, savants,
adultes, libertaires, nous avons appris à nous passer de Dieu et à
détester le pouvoir et sa jouissance perverse. Nous n’avons pas
d’autre maître que le savoir. Ce discours nous rassure, du fait de
sa cohérence supposée rationnelle, et notre statut social le
légitime. Ceux de Charlie Hebdo nous faisaient rire ; nous
partagions leurs valeurs. En cela, cet attentat nous prend pour cible.
Même si aucun d’entre nous n’a jamais eu le courage de tant
d’insolence, nous sommes meurtris. Nous sommes Charlie pour cela.

Mais faisons l’effort d’un changement de point de vue, et tâchons
de nous regarder comme nos élèves nous voient. Nous sommes bien
habillés, bien coiffés, confortablement chaussés, ou alors très
évidemment au-delà de ces contingences matérielles qui font que
nous ne bavons pas d’envie sur les objets de consommation qui font
rêver nos élèves : si nous ne les possédons pas, c’est
peut-être aussi parce que nous aurions les moyens de les posséder.
Nous partons en vacances, nous vivons au milieu des livres, nous
fréquentons des gens courtois et raffinés, élégants et cultivés.
Nous considérons comme acquis que La Liberté guidant le peuple et
Candide font partie du patrimoine de l’humanité. On nous dira que
l’universel est de droit et non de fait, et que de nombreux
habitants de cette planète ne connaissent pas Voltaire ? Quelle
bande d’ignares… Il est temps qu’ils entrent dans
l’Histoire : le discours de Dakar leur a déjà expliqué. Quant à
ceux qui viennent d’ailleurs et vivent parmi nous, qu’ils se
taisent et obtempèrent.

Si les crimes perpétrés par ces assassins sont odieux, ce qui est
terrible, c’est qu’ils parlent français, avec l’accent des
jeunes de banlieue. Ces deux assassins sont comme nos élèves. Le
traumatisme, pour nous, c’est aussi d’entendre cette voix, cet
accent, ces mots. Voilà ce qui nous a fait nous sentir responsables.
Evidemment, pas nous, personnellement : voilà ce que diront nos amis
qui admirent notre engagement quotidien. Mais que personne, ici, ne
vienne nous dire qu’avec tout ce que nous faisons, nous sommes
dédouanés de cette responsabilité. Nous, c’est-à-dire les
fonctionnaires d’un Etat défaillant, nous, les professeurs d’une
école qui a laissé ces deux-là et tant d’autres sur le bord du
chemin des valeurs républicaines, nous, citoyens français qui
passons notre temps à nous plaindre de l’augmentation des impôts,
nous contribuables qui profitons des niches fiscales quand nous le
pouvons, nous qui avons laissé l’individu l’emporter sur le
collectif, nous qui ne faisons pas de politique ou raillons ceux qui
en font, etc. : nous sommes responsables de cette situation.

Ceux de Charlie Hebdo étaient nos frères : nous les pleurons comme
tels. Leurs assassins étaient orphelins, placés en foyer : pupilles
de la nation, enfants de France. Nos enfants ont donc tué nos
frères. Tragédie. Dans quelque culture que ce soit, cela provoque ce
sentiment qui n’est jamais évoqué depuis quelques jours : la
honte.

Alors, nous disons notre honte. Honte et colère : voilà une
situation psychologique bien plus inconfortable que chagrin et
colère. Si on a du chagrin et de la colère, on peut accuser les
autres. Mais comment faire quand on a honte et qu’on est en colère
contre les assassins, mais aussi contre soi ?

Personne, dans les médias, ne dit cette honte. Personne ne semble
vouloir en assumer la responsabilité. Celle d’un Etat qui laisse
des imbéciles et des psychotiques croupir en prison et devenir le
jouet des pervers manipulateurs, celle d’une école qu’on prive de
moyens et de soutien, celle d’une politique de la ville qui parque
les esclaves (sans papiers, sans carte d’électeur, sans nom, sans
dents) dans des cloaques de banlieue. Celle d’une classe politique
qui n’a pas compris que la vertu ne s’enseigne que par
l’exemple.

Intellectuels, penseurs, universitaires, artistes, journalistes :
nous avons vu mourir des hommes qui étaient des nôtres. Ceux qui les
ont tués sont enfants de France. Alors, ouvrons les yeux sur la
situation, pour comprendre comment on en arrive là, pour agir et
construire une société laïque et cultivée, plus juste, plus libre,
plus égale, plus fraternelle.

« Nous sommes Charlie », peut-on porter au revers. Mais
s’affirmer dans la solidarité avec les victimes ne nous exemptera
pas de la responsabilité collective de ce meurtre. Nous sommes aussi
les parents de trois assassins.

Catherine Robert, Isabelle Richer, Valérie Louys et Damien Boussard
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