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Forums d'A TA TURQUIE :: Voir le sujet - Les noisettes amères
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Inscrit le: 09 Oct 2007 Messages: 3474 Localisation: Somewhere in the world
Posté le: 28 Sep 2014 10:02 Sujet du message: Les noisettes amères
J'ai regardé sur Arte, hier, une émission sur la Turquie, "Les noisettes amères". Il s'agit d'un reportage sur la cueillette de noisettes sur les bords de la Mer Noire, par les "immigrants" issus de l'Est anatolien, les saisonniers kurdes travaillant plusieurs mois avec femmes et enfants dans des conditions scandaleuses. Les enfants touchent 13 euros par jour pour 12 heures de travail pénible, ils ramassent des heures durant le dos courbé, à l'age de 10 ans, et portent sur le dos des sacs de 20 kilos... Dans beaucoup d'exploitations, 4 toilettes pour 400 personnes...... Les enfants privés d'école d'Avril jusqu'en Octobre.... Un enfant, issu de Diyarbakir, aspire à une chose, rentrer enfin chez lui et se laver la tête.... Quelques exploitations modèles font figures d'exceptions, en n'autorisant pas le travail des enfants, en mettant en place une garderie et servant un repas chaud une fois par jour..C'est rare. Les noisettes sont principalement destinées à Ferrero, firme productrice de Nutella, mais aussi à Nestlé. Un reportage qui mérite d'être vu pour voir un autre aspect de la "démocratie avancée" turque. Mais il sera faux et réducteur d'imputer la responsabilité des choses au régime actuel. J'avais personnellement assisté au lendemain du grand séisme de 1999, lordsd'une halte à une station ferroviaire près d'Adapazari, au désarroi des travailleurs venus de l'Est pour la cueillette de betteraves, et campant dans des conditions miséreuses le long de la voie ferrée. J'avais dit alors à haute voix, que c'était "la honte de la République", et j'étais fustigé par mes voisins de compartiment.... Les différents gouvernements qui se sont succédèrent , et la majorité silencieuse qui leur accorda crédit portent collectivement la responsabilité de cette misère lourde de conséquences. Les reporters d'Arte montrent également les "vestiges" des maisons et des villages détruits à l'Est, dans la région de Diyarbakir, lors des opérations punitives de l'armée, ce qui ne laisse guère le choix aux paysans que de s'exiler dans la misère.
"i le travail des enfants est interdit en Turquie, on estime pourtant qu’un demi-million d’entre eux travaillerait dans l’agriculture, 11 heures par jour, notamment dans les plantations de noisetiers. Avec un taux de chômage avoisinant les 35%, le travail saisonnier est devenu le seul moyen de survie pour des milliers de familles, dont les enfants sont payés 1 euro de l'heure. Le temps des récoltes, des milliers de familles quittent leur domicile pendant pour vivre dans des camps de toile, dans des conditions sanitaires épouvantables. Les enfants travaillent et, de plus, se voient privés d'accès à l'éducation pendant plusieurs mois par an.
Trois quart des noisettes produites dans le monde proviennent des bords de la Mer Noire. La majeure partie de la récolte est exportée vers l’Allemagne et l’Italie où est installé le géant Ferrero, détenteur des marques Nutella et Kinder…
Inscrit le: 09 Oct 2007 Messages: 3474 Localisation: Somewhere in the world
Posté le: 29 Sep 2014 22:22 Sujet du message:
Cüneyt, il ne faut peut-être pas être réducteur...Chine, connais-pas, enfin je sais de quoi ça tourne...... mais pas en détail, une industrie axée sur l'exportation, des condition de travail terriblement répressives, et le tout sous la houlette d'une organisation politique qui s'appelle toujours PCC, qui a fait jadis vibrer les foules du monde entier qui croyaient à la révolution prolétarienne mondiale....
Je pense très humblement que les structures économiques, sociales et politiques de Turquie s'apparentent plus aux pays de l'Amérique latine, traditionnellement dans le giron de l'économie du marché dominée par la sphère d'influence us, avec des "relents" de démocratie, pour autant que c'est possible, du fait de la proximité du vieux continent: les nouveaux industriels issus de la campagne, des propriétaires terriens incultes, reconvertis avec leurs acolytes de professions libérales dans des parlements corrompus dans des parodies de démocraties, avec toutefois des espaces d'opposition de parade, des économies qui se convertissent, de substitution d'importation à des industries d'exportations, des inégalités flagrantes grandissantes..... des bidonvilles de misère à la périphérie des métropoles gigantesques, et des "microcosmes" de richesses dépassant en formes celles observées en occident.... Mes fréquents séjours de samedi soir à Tijuana par exemple, et dans d'autres villes frontalières du Mexique, à la lisière des USA me renvoient à l'image des bourgades anatoliennes, celles de la frontière, Sogukoluk où, à proximité de la Syrie et de l'ancien sandjak d'Alexandrette (Hatay-iskenderun), la prostitution était la principale "industrie" déjà dans les années 70.
Dans une ambiance certes plus austère qu'en Turquie, les bidonvilles d'Alger à El Harrach (j'y ai habité deux ans, dans une cité pour enseignants ) étaient pire que leurs semblables sur les collines du Bosphore, alors que les parvenus du fln et les bureaucrates avaient une préférence pour les hauteurs d'Alger, à Mouradia, ou dans les stations balnéaires à proximités, laissé vacants par les pieds-noirs. idem pour Rabat, une misère de périphérie et un luxe du centre qui ne se côtoient pas.
J'étais touché par cette émission Arte sur les noisettes, peut-être parce que moi même, issu des milieux urbains en turquie, rentrant à istanbul quelques jours après le séisme de 1999, lors d'une halte improvisé en cours de route, j'ai vu des champs de ruines à proximité d'Adapazari, et tous les habitants d'un village kurde désemparés le long de la voie ferrée, campant dans la misère, et je n'ai pas pu m'empêcher de crier naïvement, "c'est la honte de la République".... Mes voisins de compartiments m'ont fustigé alors que les kurdes nous insultaient copieusement pour notre voyeurisme, avec les mêmes yeux que, quelques années auparavant, les méxicains de Tihuana me dévisageaient comme un gringo, ne comprenant pas pourquoi j'étais dans le même bus qu'eux...... _________________ Родион Романович Раскольников
Inscrit le: 29 Jan 2010 Messages: 742 Localisation: Paristanbul
Posté le: 30 Sep 2014 1:56 Sujet du message:
J'entends bien. Les deux économies et structures sociales sont comme tu le décris avec cependant un système capitaliste assez proche.
La culture de la sous-traitance est très comparable entre les deux pays par exemple, chose obligée lorsqu'on travaille sur des brevets étrangers, smême si sur ce point, la Chine est en avance.
La Turquie est la Chine de l'Europe si on la regarde par les jumelles des droits des travailleurs, droit de grève, conditions de travail, rapport avec le patronat, sécurité, et tout ce qui concerne la protection de l'ouvrier. Aucune de ces conditions n'est remplie, comme en Chine.
Ma remarque restait dans le cadre unique du travail des salariés et son organisation ainsi que la nature de son tissus industriel.
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