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murat_erpuyan Admin Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 11178 Localisation: Nancy / France
Posté le: 10 Aoû 2014 1:47 Sujet du message: Sermin Ozel-Langhoff à la tête du théâtre Maxim Gorki...
Citation:
SHERMIN LANGHOFF MELTING-POT THEATRAL
Frédéric Lemaître - Le Monde, 9.8.2014
Sitôt arrivée à la tête du " Gorki ", à Berlin, l'Allemande d'origine turque a bousculé avec succès la vénérable institution
Prenons le pari : d'ici quelques décennies, une nouvelle plaque commémorative figurera en bonne place dans le Théâtre Maxim-Gorki de Berlin. On devrait y lire : " En 2013, Shermin Langhoff fut nommée directrice de ce théâtre. Elle fut la première femme issue de l'immigration à occuper un tel poste en Allemagne. Sous sa direction, le Gorki s'attacha à présenter des œuvres reflétant les transformations, souvent violentes, qui secouèrent l'Europe à cette époque et l'onde de choc qu'elles provoquèrent jusqu'à Berlin. "
Comme si la responsabilité qui pèse désormais sur ses épaules était trop lourde, Shermin Langhoff fait mine de s'essuyer le front du revers de la main. Pourtant, son large sourire et ses yeux malicieux expriment exactement l'inverse : être devenue un symbole ne déplaît nullement à cette figure de proue du théâtre allemand contemporain. Dans une Allemagne qui a bien du mal à devenir vraiment multiculturelle, le parcours de Shermin Langhoff est de ceux qui font pencher la balance du bon côté.
Née en décembre 1969 à Bursa (Anatolie), où elle est élevée par ses grands-parents, la jeune Shermin Ozel rejoint sa mère en Allemagne en 1978. A 9 ans, la voilà à Nuremberg, " la plus allemande de toutes les villes ", selon Hitler. Sa mère, immigrée, y travaille chez l'équipementier AEG. Shermin découvre Goethe et Schiller. La langue allemande lui pose rapidement moins de problèmes que la nourriture. Adolescente, elle fréquente les milieux marxistes-léninistes de la ville et plonge dans la culture underground. " Finalement, Nuremberg vaut mieux que sa réputation ", dit Shermin. Elle-même y contribue en participant à la création d'un festival présentant les œuvres des cinéastes allemands d'origine turque.
Evoluant dans les milieux cinématographiques, elle fait la connaissance, à Berlin, du directeur de théâtre Lukas Langhoff, qu'elle épouse en 1996. Même si elle n'abandonne pas le cinéma – elle participe à deux films du réalisateur allemand d'origine turque Fatih Akin –, Shermin Langhoff s'investit désormais dans le théâtre.
Avant que la ville de Berlin ne lui confie les clés du Gorki, cette femme débordante d'énergie a marqué de son empreinte deux autres scènes berlinoises : le Hebbel am Ufer et surtout le Ballhaus Naunynstrasse. Située à Kreuzberg, en plein cœur du quartier turc, cette ancienne salle de bal rouverte en 2008 est rapidement devenue l'épicentre d'un nouveau concept : le théâtre postmigratoire.
" Après la chute du Mur, il y a eu une nouvelle réflexion sur la prétendue identité allemande. La littérature et le cinéma y ont contribué, de manière critique. Fatih Akin est même devenu un représentant du cinéma allemand. Le concept de théâtre postmigratoire a aussi contribué à mettre en lumière l'hétérogénéité et la diversité allemandes. Je pose des questions. Je n'ai pas les réponses. En fait, le concept d'identité, surtout d'identité nationale, est devenu un problème. Nous n'avons plus de certitudes là -dessus ", explique Shermin Langhoff. Dans la pièce culte du théâtre postmigratoire Verrücktes Blut (" sang fou "), de Nurkan Erpulat et de Jens Hillje, adaptée du film français La Journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld, 2009), l'enseignante allemande a une obsession : faire découvrir à ses élèves Les Brigands, la pièce de Friedrich von Schiller.
Depuis sa nomination au Gorki, l'un des cinq théâtres publics de Berlin, Shermin Langhoff aimerait qu'on cesse de lui coller l'étiquette " postmigratoire ". Son ambition : que " le Gorki pense la ville dans son ensemble, avec tous ceux qui y sont arrivés ces dernières décennies, qu'ils soient réfugiés, exilés, immigrés, ou tout simplement qu'ils aient grandi à Berlin ".
Dès son arrivée, Shermin a bouleversé l'institution. Sur dix-sept comédiens recrutés, aucun ne porte un patronyme classique allemand, même si cinq d'entre eux seulement sont nés à l'étranger (Moldavie, Serbie, Russie, Kazakhstan et France). Pour renouveler le répertoire, Shermin Langhoff a misé sur trois metteurs en scène : le fidèle Nurkan Erpulat (né à Ankara), Sebastian Nübling (né en Allemagne) et Yael Ronen, une Israélienne qui vit entre Tel-Aviv et Berlin. Portées par des acteurs souvent âgés de moins de trente ans, leurs pièces dégagent une énergie étonnante. Les Berlinois adorent. En moyenne, 95 % des places sont vendues chaque soir. Et le Gorki fait à nouveau le buzz.
" En un an, Shermin Langhoff a transformé un théâtre en un lieu de débats et l'a installé au cœur de la société berlinoise ", observe Luc Paquier, responsable des arts vivants à l'Institut français de Berlin. Comme hier à Naunynstrasse, il n'est pas rare de croiser aujourd'hui au Gorki des responsables politiques, toutes couleurs politiques confondues. Même le président de la République, Joachim Gauck, s'y est rendu, à deux reprises, incognito, pour voir les pièces de Yael Ronen. L'une d'elles, Common Ground, a été élaborée après un voyage en Bosnie effectué par quatre comédiens, deux Serbes et deux Bosniaques. Une réflexion sur la mémoire, le pardon et l'identité menée tambour battant. " Shermin est à gauche mais pas au sens étroit du terme. Et elle a un vrai flair politique. Les pièces qu'elle présente sur la Bosnie ou la Russie en témoignent ", note Cem Ozdemir, coprésident des Verts. De fait, l'autre pièce mise en scène par Yael Ronen, Le Russe est quelqu'un qui aime les bouleaux, histoire d'une jeune fille intelligente mais paumée née à Bakou et qui émigre en Israël après avoir vécu quelques années en Allemagne, fait également forte impression.
A 44 ans, " Shermin la rebelle " devient peu à peu une institution. Critique envers la société allemande, elle a su ne pas tomber dans le piège de l'autosatisfaction. " Le théâtre pourrait être encore plus intelligent ", dit-elle. Une critique qui, dans sa bouche, sonne comme une promesse.
SHERMIN LANGHOFF
Décembre 1969 Naissance à Bursa (Anatolie).
1978 Emigre en Allemagne.
2008 Dirige le Ballhaus Naunynstrasse.
2013 Nommée à la direction du Théâtre berlinois Maxim-Gorki.
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