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Forums d'A TA TURQUIE :: Voir le sujet - Connaissez vous le cas de Pinar Selek
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Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 11192 Localisation: Nancy / France
Posté le: 02 Avr 2010 0:36 Sujet du message: Connaissez vous le cas de Pinar Selek
Suite au mèl signé par E. Copeaux que j'ai reçu j'ai pris connaissance de l'affaire judiciaire concernant Pinar Selek.
Bonjour,
Je me permets de vous envoyer un dossier documenté sur l'affaire Pınar Selek, sociologue turque menacée de prison à vie, en espérant que vous pourrez relayer cette information dans votre communauté scientifique, auprès de médias et de toute personne succeptible d'être sensible à cette cause.
La défense prépare un dossier auprès de la Commission européenne des droits de l'homme, mais le temps nous dépasse et il est on ne peut plus urgent qu'un vaste soutien international se mobilise pour Pinar afin de faire poids sur le gouvernement turc.
Egalement joint l'appel à signature de PEN Allemagne si vous désirez y ajouter votre nom.
A toutes les rédactions, aux organisations, aux associations, aux partis politiques et à toute personne individuelle, intellectuels, universitaires écrivains, artistes ou simples citoyens
Étienne Copeaux
Historien spécialiste du monde turc
Chercheur au Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et de Moyen-Orient de Lyon, Étienne Copeaux s'intéresse particulièrement nationalisme en Turquie, aux symboles et mythologie politique et à la question chypriote. Sa thèse de doctorat soutenue en 1994 à l'université Paris-VIII était titrée De l’Adriatique à la mer de Chine : les représentations turques du monde turc à travers les manuels d’histoire, 1931-1993. Étienne Copeaux collabore régulièrement avec des revues comme Hérodote, la REMMM, CEMOTI…
Inscrit le: 13 Oct 2006 Messages: 439 Localisation: france paris
Posté le: 13 Fév 2011 0:13 Sujet du message:
je vient d apprendre cette mauvaise nouvelle alors que tu l as poster y a longtemps murat desolé _________________ L'homme politique qui a besoin du secours de la religion pour gouverner n'est qu'un lâche. Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l'Etat."
Beni görmek demek mutlaka yüzümü görmek demek değildir. Benim fikirlerimi, benim duygularımı anlıyorsanız ve hissediyorsanız bu yeterlidir
En même temps que le procès de Pinar Selek à Istanbul, journée de mobilisation en solidarité avec Pinar Selek. Des rassemblements sont d'ores et déjà prévus à Istanbul et à Strasbourg, et une délégation internationale se rend à Istanbul.
- A Strasbourg : Le 24 janvier à 11h sur le parvis de la faculté de droit
Communiqué du Comité de Solidarité avec Pinar Selek France :
Appel à la mobilisation aux côtés de Pinar Selek
les 24 et 25 janvier 2013 à Istanbul mais aussi à Strasbourg !
Le 24 janvier 2013, une nouvelle audience du procès de Pinar Selek, sociologue féministe turque, se tiendra à Istanbul.
A l'audience du 13 décembre dernier, les juges de la 12ème cour pénale d'Istanbul étaient prêts à condamner Pinar Selek, malgré 3 acquittements prononcés par cette même cour en 2006, 2008 et 2011. Les avocats ayant plaidé l'illégalité de la procédure et demandé le dessaisissement de la cour, le verdict qui la condamnerait à une peine de prison à perpétuité n'a pu être prononcé. L'audience du 24 janvier est une étape décisive et une délégation Européenne massive se rendra à Istanbul.
Une trentaine de personnes viendront de Marseille, Paris et Strasbourg pour représenter une France solidaire avec les combats de Pinar Selek. Parmi elles, des avocats, des écrivains, des journalistes, des élus, des représentants de l’Université et de la ville de Strasbourg (adjointe au maire, conseiller municipal), des chercheurs en sociologie (Association Française de Sociologie), des militants politiques et syndicaux (Front de Gauche, CGT, NPA, EELV, ATTAC, SNESUP-FSU, PS), des responsables associatifs (Marche Mondiale des Femmes, Maison des Femmes de Paris, La Lune, La Cimade, Strasbourg-Méditerranée, l'ASTU) et des observateurs mandatés par la FIDH et France Libertés-Fondation Danielle-Mitterrand.
A ses côtés, nous voulons construire un monde de paix et de justice pour toutes et tous.
Avec elle, nous continuons à résister contre l’acharnement juridique et politique qui voudrait la faire taire.
Pinar Selek n’est pas seule !
Le 24 janvier 2013, pendant que la délégation assistera au procès à Istanbul au Tribunal de Ҫağlayan pour observer le déroulement de la procédure et manifester sa solidarité avec Pinar Selek,
A Strasbourg, nous serons aux cotés de Pinar Selek :
• Le Comité de soutien universitaire avec le soutien du collectif de solidarité avec Pinar Selek appelle à un rassemblement de solidarité le 24 janvier à 11h, sur le parvis de la Faculté de Droit ainsi qu’à une assemblée d’information et de soutien des étudiants et du personnel à 11h30 (Le Patio, Amphi 1), en présence de Pinar Selek.
• La conférence de presse aura lieu à l’ARES, 10 rue d’Ankara 67000 Strasbourg à 12h00 en présence des membres de la délégation et de Pinar Selek.
Toutes et tous soyons nombreux, et mobilisons-nous pour que Pinar Selek retrouve sa liberté !
Le comité de Solidarité avec Pinar Selek en France
Pour plus d’information, consultez le site www.pinarselek.fr <http://www.pinarselek.fr>
Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 11192 Localisation: Nancy / France
Posté le: 18 Déc 2013 12:21 Sujet du message:
Pinar Selek était à Nancy !
Sa conférence à la MJC Lillebonne a attiré une audience attentive et militante... Elle a fait une analyse d'une militante antimilitariste & féministe...
Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 11192 Localisation: Nancy / France
Posté le: 28 Jan 2014 3:37 Sujet du message:
Citation:
LETTRE OUVERTE A PINAR SELEK
Chère Pinar,
J’observe depuis des années ce que tu fais et ce qu’on te fait. Je n’ai jamais cru, un seul instant, à cette histoire “d’attentat à la bombe dans le Grand Bazar” ou aux autres accusations qui te visent. Tout comme je ne crois pas aujourd’hui aux accusations à l’encontre de ces milliers de prisonniers politiques qu’on cherche à faire périr dans les oubliettes de Silivri. Tout comme je n’ai pas cru non plus à la transformation en une cache d’explosifs, de la maison de la mondialement célèbre léprologue, Türkan Saylan, défenseur infatiguable des droits des femmes, lorsqu’elle était en phase finale de son cancer, à 74 ans. Idem pour Ilhan Selçuk, le rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, lorsqu’il était trainé aux interrogatoires de la police, à l’âge de 85 ans, sous l’accusation de “tentative de putsch” contre le gouvernement Erdogan et “d’attentat à la bombe” contre son propre journal.
Türkan Saylan et İlhan Selçuk n’étaient plus assez jeunes pour pouvoir supporter le traitement insensé et inhumain qu’on leur a infligé, alors ils n'y ont pas survécu. D’autres aussi sont morts, victimes de maladies non-soignées dans les géôles de Silivri où ils ont croupi pendant des années, sans même être jugés!..On commence même déjà à oublier leurs noms. Mais la situation perdure aujourd’hui dans cette prison de haute sécurité où sont enfermés les opposants au pouvoir islamiste. Ceux qui ont des maladies graves n’y ont pas l’autorisation d’être soignés. On les a abandonnés à une mort lente. Certains de ces “otages” sont tes collègues, Pinar. Tout comme toi qui t’es trouvée victime de fausses accusations fabriquées de toutes pièces, eux aussi, ils se sont trouvés dans un procès kafkaien, et emprisonnés par une mise-en-scène rappelant les fameux procès du Reichtag de Hitler!
Aucun d’entre eux n’a du sang sur les mains, leur seul crime c’est de penser et de résister à l’opression d’un pouvoir qui cherche à pousser le pays dans l’obscurité. Est-ce un crime de résister à un gouvernement qui dévaste et pille la nature sauvagement, qui chasse les pauvres des centres urbains pour s’emparer de leurs modestes propriétés, qui interdit les libertés démocratiques et même la pensée? Non, à l'évidence. C’est même le devoir de chaque intellectuel honnête d’y résister, c’est un devoir envers soi-même pour conserver sa dignité humaine.
J’ai lu, dans un site web portant ton nom, de nombreuses interviews et articles de soutien pour toi de la part de tes collègues et d'associations, ainsi que tes interventions dans la presse française. Mais je n’y ai vu, jusqu’à présent, aucune mention des otages de Silivri: enseignants eux aussi, donc tes collègues, journalistes, écrivains, chercheurs, accusés d'appartenir à un réseaux imaginaire de complots nommé Ergenekon. Si tu en as parlé, il est possible que cela ait échappé à mon attention, mais même dans ce cas, un tel rappel aurait dû être renouvelé ces jours-ci -et il en est encore temps- au moment où tes collègues français ont lancé une nouvelle campagne de signatures pour que tu puisses rentrer en Turquie. Ils veulent d'ailleurs saisir le Président François Hollande pour qu’il évoque ta situation avec les autorités turques lors de sa visite en Turquie. Ne pourraient-ils pas également lui rappeler la situation de tes collègues turcs abandonnés à une mort lente dans les géôles de Silivri? A commencer par celle du Professeur Hilmioğlu, recteur de l’Université de Malatya, dont le seul crime est d'empêcher que l'établissement académique qu'il dirige ne soit pratiquement transformé en une mosquée, en une base militante des confréries religieuses.
Les journaux te publient volontiers quand tu leur écris, on t’écoute quand tu parles, tes propos sont vite retransmis par tes collègues sur les réseaux, ne pourrais-tu pas profiter d’une telle attention qui t'est accordée, pour rappeler le sort des prisonniers politiques? Pas seulement de cette poignée d'heureux élus dont les noms figurent sur ton site (rapidement relâchés d'ailleurs, grâce à leur soutien tacite au gouvernement), mais aussi de ceux qui n'adhèrent pas à l'idéologie néo-libérale. Les droits humains ne devraient pas être sélectifs en fonction d'idéologies et d'appartenances ethniques, ils sont pour tous les humains, qu'ils soient ou non de votre bord. D’ailleurs, même s’ils étaient vraiment coupables des crimes qui leurs sont imputés, peut-on admettre, à notre époque, qu’on abandonne à la mort ceux qui sont grièvement malades derrière les barreaux, en leur refusant le droit aux soins.
Dans tes écrits, tu parles de ta fatigue d’être en permanence le centre d’intérêt, Pinar, de la torture morale que tu vis à cause de tes procès qui perdurent. Pour pouvoir t’extraire du centre d’attention, parle des otages qui sont au centre du "désintérêt", comme le Professeur Fatih Hilmioğlu. Hisse-les au centre d’intérêt! Demande à tes collègues français et allemands qui mènent une campagne pour toi, qu’ils y ajoutent les noms du recteur Hilmioğlu et des autres otages politiques.
Le problème de Fatih Hilmioğlu, ce n’est pas l’inconfort moral d’une vie bien à l’abri à l’étranger tout en exerçant sa profession. Son problème, ce n’est même plus d’être éloigné de sa maison, de sa famille, de son travail depuis des années, ce n’est même plus d’être privé de sa liberté, mais c’est de se regarder mourir puisqu’on ne l'autorise pas à faire soigner le cancer du foie dont il souffre gravement désormais!
Je te le demande non seulement comme une collègue en tant que sociologue, mais en même temps comme une journaliste tombée sous la coupe de poursuites judiciaires ressemblant aux tiennes. A cause d’un article que j'avais écrit en Turquie, intitulé "la Blessure kurde", j’ai été poursuivie aux tristement célèbres Cours de Sûreté d’Etat (remplacées aujourd’hui par les Tribunaux aux Compétences Spéciales pour juger les "terroristes” d’Ergenekon). Lors de ma déposition, à la police ici, où on m'a lu la note du ministère turc, j’ai appris, avec stupéfaction, que j’étais une “instigatrice de terrorisme”, que j’étais “en cavale” et que je devrais être “arrêtée” dès mon retour au pays!
J’étais devenue “terroriste” seulement en écrivant un article, mais je n’ai pas transformé cette accusation en un avantage dans une France prompte à hisser au centre d’intérêt certains cas. Bien au contraire, j’ai veillé à garder mon indépendance de parole, dans le pays de la libre parole, ce qui m’a coûté, quelques années plus tard, sinon la prison, du moins un licenciement! A cause d’un autre article: “Coup d’Etat Civil”. C’est ainsi que l’article incriminé qualifiait l’élection, par le parlement turc, d’un islamiste comme Président de la République. "Courrier International" où j’avais pourtant travaillé pendant 18 ans, m'a aussitôt montré la porte! La bataille juridique s’est terminée par la condamnation de l'hebdomadaire pour licenciement injustifié de la journaliste “qui refusait d’appuyer les Islamistes en Turquie”.
Devine qui a rempli le vide laissé par mon licenciement: le journal ZAMAN du puissant prédicateur Fethullah Gülen, présenté dans les colonnes de Courrier International comme “le plus grand penseur des cent dernières années” (sans aucun commentaire de distanciation de l’hebdomadaire qui semblait y adhérer). C’est donc Zaman (le Temps) de l'empire Gülen qui souffle sur la France!... Ses écoles religieuses s'y répandent, le livre créationniste financé par lui est distribué gratuitement aux établissements de l'enseignement public français....
Est-ce que tu comprends maintenant pourquoi la presse et les universitaires français ne s’intéressent –ne serait-ce qu’avec un dixième de l’intérêt qu’ils portent envers toi- absolument pas au sort de tous ces prisonniers politiques turcs dans les géôles de Silivri (sans oublier les autres prisons où ils se trouvent, comme Merdan Yanardag, le rédacteur en chef du quotidien Yurt). Comprends-tu pourquoi on ose encore évoquer en France les soit-disant “réformes” du tandem islamiste Abdullah Gül-Tayyip Erdogan?
Une opinion publique formée de cette façon peut naturellement croire à la culpabilité de tous ceux emprisonnés dans les procès ubuesques d' Ergenekon, mais toi Pinar, tu ne penses sûrement pas ainsi. Tu ne crois sûrement pas que plus de soixante journalistes, deux rédacteurs en chef, des universitaires, des recteurs d'université, des dirigeants de partis politiques, des avocats, des syndicalistes et des officiers à la retraite sont vraiment des terroristes réunis pour un putsch contre le gouvernement dans cette organisation fantaisiste fabriquée de toutes pièces (alors que le vrai auteur d’un vrai putsch qui a coûté la vie à des milliers de gens, Kenan Evren, coûle des jours heureux dans une station balnéaire en méditerranée).
Si tu crois que tous ces gens jetés dans le sac Ergenekon sont vraiment des terroristes, moi aussi je vais finir par croire que tu as vraiment commis l'attentat à la bombe du Marché Egyptien à Istanbul. Et je vais même être obligée de croire que moi-même aussi, je suis une terroriste!..
Nur DOLAY Journaliste, écrivaine, cinéaste - Et le Collectif des Indignés Turcs
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