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A propos du printemps arabe

 
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MessagePosté le: 24 Mar 2012 22:00    Sujet du message: A propos du printemps arabe Répondre en citant

Raskolnikoff a écrit:


opinions mardi 17 mai 2011

Pas de démocratie arabe sans un apprentissage de la laïcité

Par Fadi Hakura

La laïcité est souvent mal comprise dans le monde arabe, elle est confondue avec l’athéisme. Or, pour que l’hiver ne succède pas au printemps arabe, il est nécessaire d’opérer une métamorphose des esprits et des institutions. Par Fadi Hakura

Le printemps est arrivé tôt cette année dans le monde arabe. Les changements climatiques ont éveillé un Moyen-Orient jadis dans un état comateux de la stupeur des règnes sans partage. Une aube nouvelle de démocratie et de liberté germe du Maroc à Oman. Ou du moins nous dit-on.

La météorologie est une entreprise délicate. Les projections peuvent être horriblement inexactes. Malgré des modèles sophistiqués et l’imagerie satellite, le déchiffrement des conditions météorologiques est une science inexacte. La divination du Moyen-Orient n’en est pas moins un mirage dans la chaleur étouffante du désert d’Arabie.

Le pluralisme démocratique n’est jamais gagné d’avance. Les défis à l’ordre ancien ne peuvent garantir des résultats au prorata. Bien que l’ère Moubarak soit désormais révolue, l’appareil d’Etat qu’il a conçu ne l’est certainement pas. Le tribalisme yéménite et libyen ne disparaîtra pas avec le changement de régime. Le sectarisme entre sunnites et chiites restera une caractéristique déterminante du Bahreïn, de l’Irak et du Liban. Les minorités religieuses se plaindront toujours de la gouvernance des partis islamistes, modérés ou non. Le factionnalisme ­continuera de déchirer les Palestiniens.

L’histoire nous enseigne que des élections libres et équitables ne suffiront pas à remédier aux divisions profondes au sein des sociétés arabes. Elles vont probablement les exacerber. Dépouillés de tout sentiment de solidarité nationale, les intérêts sectoriels étriqués peuvent dicter les comportements électoraux. Il manque une pièce essentielle du puzzle. Sans elle, les pays arabes auront l’édifice de la démocratie, mais pas de véritables institutions représentatives.

Cette pièce essentielle est la laïcité, un principe qui constitue le rempart de la plupart des démocraties dynamiques; la conviction que l’Etat doit évoluer séparément de la religion ou des croyances religieuses. Les gouvernements ne doivent pas privilégier une religion au détriment d’une autre, ni dériver leur politique d’une source religieuse particulière. Ils doivent être à égale distance de toutes les religions, et se garder de toute fixation sur les convictions religieuses d’une personne.

La laïcité est un concept mal compris dans une grande partie du Moyen-Orient, un héritage de la Guerre froide. Les Arabes confondent laïcité et athéisme, en l’entendant comme le fait d’être libre de toute religion plutôt que la liberté de religion. Mais le point le plus dévastateur est son association avec les anciens régimes en Egypte et en Tunisie, connus pour avoir circonscrit les mouvements islamistes. Cependant, ces mêmes régimes ont catalysé la ferveur religieuse par la propagande d’Etat et des budgets faramineux pour entretenir la faveur des électeurs.

L’Egypte mène un débat sur le rôle de la religion dans la société en vue d’une nouvelle Constitution. L’article 2 de la Constitution en vigueur, qui a été adoptée en 1980, définit l’islam comme religion d’Etat et «la principale source» de droit. Alors que les Coptes demandent son abrogation, l’opinion musulmane, qui constitue la majorité écrasante, soutient son maintien. Les Coptes conçoivent cet article comme un facteur d’exclusion et de division. Ils veulent un Etat civil fondé sur la citoyenneté, non sur l’appartenance à une religion spécifique.

Le Liban et l’Irak institutionnalisent la politique confessionnelle pour la porter à de nouveaux sommets. Leur démocratie confessionnelle réserve les plus hautes fonctions aux représentants de certaines communautés religieuses. Naturellement, elle a permis de réaliser une paix sociale fragile au détriment de la nation. Selon les paroles intemporelles de Khalil Gibran: «Malheur à la nation divisée où chacune des parties se considère comme une nation.»

Pew Research, un institut international de sondage très respecté, fournit de nombreuses preuves des bénéfices de la séparation entre la religion et l’Etat. Dans une étude réalisée en 2009, il a montré que les démocraties libérales laïques ont appliqué le moins de restrictions publiques et d’hostilité aux religions minoritaires. Les pays arabes, ainsi que l’Iran et la Turquie, ont instauré une situation diamétralement opposée. La laïcité protège les confessions minoritaires; l’intégration entre la religion et l’Etat est un signe avant-coureur de conflit civil et de discrimination.

Cette étude révèle également que de nombreux types de démocraties laïques ont préservé la diversité religieuse. La laïcité est suffisamment souple pour prendre en charge différentes circonstances nationales. Prenons le cas de la France. Elle s’oppose, de façon classique, à toute religion d’Etat ou tout signe religieux ostensible. Néanmoins, les minorités religieuses sont autorisées à se développer dans un environnement tolérant. Prenons encore l’Angleterre. Même si l’anglicanisme constitue l’Eglise établie, un large éventail de religions jouit d’une liberté quasi illimitée. En d’autres termes, il n’existe pas de modèle unique de laïcité démocratique, ce qui n’a aucune importance, pourvu que la tolérance soit respectée.

Cultiver la laïcité, souple ou non, dans le monde arabe, est un immense défi. A l’instar de la démocratie, c’est un processus et non un événement. La démocratie laïque exige la transformation des cultures et des mentalités. Cette entreprise ne sera pas chose aisée, même dans la meilleure des époques. Pourtant, elle est le seul idéal qui puisse empêcher l’arrivée d’un rude hiver arabe.
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MessagePosté le: 24 Mar 2012 22:02    Sujet du message: Répondre en citant

murat_erpuyan a écrit:





qq traits qui valent un long discours...
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MessagePosté le: 25 Mar 2012 12:12    Sujet du message: Répondre en citant

«Le modèle occidental a perdu de son aura»

Ingo Petz, Journaliste
https://emagazine.credit-suisse.com/app/article/index.cfm?fuseaction=OpenArticle&aoid=341014&coid=284831&lang=FR


12.03.2012Le Printemps arabe a débuté l'an dernier en Tunisie lorsque la population est descendue dans la rue pour combattre les inégalités et le pouvoir en place. Dans cette interview, Peter Scholl-Latour, auteur et spécialiste du Proche-Orient âgé de 87 ans, donne son avis sur le rôle de l'Occident et les structures démocratiques dans le monde arabe.

Célèbre auteur de livres et de reportages sur l'Afrique, la Chine ou le monde arabo-musulman, Peter Scholl-Latour nous reçoit dans son appartement berlinois, qui offre une vue imprenable sur la ville. Meubles, tapis et décoration témoignent de l'amour que porte ce journaliste et essayiste franco-allemand à l'Afrique et à l'Orient. Dans des cadres dorés, deux photos évoquent des moments forts de la carrière de l'octogénaire. La première le montre en prisonnier Viêt-Cong pendant la guerre du Vietnam. Sur la seconde, il pose à côté de l'ayatollah Khomeiny, guide de la révolution islamique, qu'il a accompagné en 1979, alors que celui-ci quittait son exil parisien pour rentrer en Iran. La sonnerie du téléphone retentit. Notre hôte décroche et remercie un ami américain qui lui adresse ses vœux pour la nouvelle année, avant de nous glisser : «La conversation a sûrement été écoutée par cinq services secrets.» Il éclate de rire. Notre entretien sur l'Orient peut commencer.


Ingo Petz: Beaucoup de gens rejettent la notion d'Orient en tant qu'entité. Quelle est votre position?
Peter Scholl-Latour: En allemand, l'Orient désigne un immense territoire s'étendant du Maroc à l'Afghanistan. C'est un terme trompeur, car il suggère une unité qui n'existe pas. On ne fait même pas de différence entre le Proche-Orient et le Moyen-Orient. A noter qu'en arabe, le Maroc se dit «Maghreb al-aqsa», ce qui correspond à l'extrême Occident et a au moins le mérite de correspondre à la réalité géographique.

De plus, le terme Orient recèle tout l'imaginaire des romantiques, qui tendaient à idéaliser les pays orientaux, que ce soit en tant qu'espace culturel exotique et mystérieux ou que terre archaïque de despotisme et de tyrannie. Cette idéalisation et cette ignorance imprègnent aujourd'hui encore nos rapports avec les pays d'Orient.

D'où vient le mythe selon lequel les pays musulmans seraient arriérés?
Notre arrogance et notre prétention ne sont plus à démontrer. En fait, il faut replacer l'islam dans son contexte historique car, au temps du prophète Mahomet, son message n'était absolument pas rétrograde. Il a même conduit à une révolution sociale progressiste en permettant à la femme d'hériter de la moitié des biens familiaux. Et c'est grâce à lui que le témoignage des femmes devant les tribunaux a acquis la moitié de la valeur de celui des hommes, ce qui n'était pas le cas auparavant. En outre, l'islam ne prévoit pas de noblesse. Et, du moins pour ce qui concerne l'islam sunnite, il n'existe pas de clergé. La révolution apportée par l'islam avait un caractère éminemment égalitaire. Il était aussi question de justice sociale et d'assistance. D'ailleurs, aujourd'hui encore, le succès des partis islamiques auprès des masses populaires est en grande partie dû aux réseaux caritatifs qu'ils ont mis en place. Pour son époque, le Coran prônait une certaine tolérance envers les autres religions du Livre, à savoir le christianisme et le judaïsme. Les Chrétiens n'avaient certes pas le droit d'être armés et de monter à cheval, mais ils pouvaient pratiquer leur religion.

Pourquoi les musulmans et les chrétiens ne parviennent-ils pas à s'entendre?
Peut-être parce qu'au fond, le christianisme et l'islam sont très semblables. Ce sont deux religions monothéistes qui, comme le judaïsme, se réfèrent à Abraham. Et Jésus est aussi un prophète important pour l'islam. Ce dernier exhorte le monde à trouver son salut, qu'il prétend être le seul à offrir. N'est-ce pas précisément ce qu'a fait le christianisme quelques siècles plus tôt?

Leur vision quant à l'organisation de l'Etat diverge.
Le Coran est considéré comme valant la parole de Dieu pour l'éternité. Tout bon musulman se doit de l'envisager comme tel. Or, cet enseignement, qui a force de loi, ne tient pas compte des conditions de vie actuelles. Il ne saurait ainsi être question de séparation entre Etat et religion. Ce précepte n'est certes pas écrit dans le Coran, mais il s'agit d'une pratique ancestrale qui tire son origine de l'Empire ottoman. Notre vision de l'Etat séculier ou de la laïcité se heurte donc à une violente résistance dans le monde musulman. Le problème de fond de la théologie islamique reste de trouver un compromis, l'ijtihâd, qui intègre les réalités modernes sans pour autant renier les origines de la révolution.

Oussama Ben Laden, Al-Qaida et le terrorisme islamiste ont jeté l'opprobre sur le monde arabo-islamique...
Le terrorisme n'est pas forcément le problème principal. En effet, si quelques attentats ont été perpétrés après ceux du 11 septembre 2001, la vague de terreur annoncée n'a pas eu lieu. Al-Qaida reste un mouvement très nébuleux. Ce qui devrait préoccuper beaucoup plus l'Europe, c'est l'explosion démographique dans les pays musulmans qui lui sont proches. Lorsque j'ai connu l'Algérie, elle comptait 8 millions d'habitants. Aujourd'hui, elle a passé le cap des 30 millions. Du fait des flux migratoires, les pays européens comportent désormais une importante proportion de musulmans. Il en résulte évidemment des clivages, mais les musulmans doivent avoir le droit de construire des mosquées.

J'ai souvent été dépeint comme un opposant à l'islam, en particulier par certains orientalistes allemands. Et pourtant, nos concitoyens musulmans me tiennent généralement en haute estime, parce que je m'efforce de comprendre véritablement l'islam, sans l'utiliser pour projeter je ne sais quelles craintes. Il faut aussi avoir conscience que cette religion est divisée en différents courants. Il n'existe donc pas un seul islam.

L'islam gagne du terrain dans le monde arabe post-colonialiste. Comment l'expliquez-vous?
Au XIXe siècle, les intellectuels musulmans avaient adhéré à des notions européennes comme le nationalisme, voire le marxisme. Mais la tentative de créer la nation arabe rêvée par Gamal Abdel Nasser, qui devait s'étendre du Maroc au golfe Persique, s'est soldée par un échec retentissant. A cet égard, la défaite militaire essuyée contre Israël en 1967 a vraisemblablement été déterminante. Aujourd'hui, un slogan fait de plus en plus d'adeptes : «el Islam hua el hall» (l'islam est la seule solution). La révolution arabe s'en est globalement prise à tous les potentats arabes perçus comme des hommes de main de l'Occident. Et il faut admettre que, par son hypocrisie et son double langage, l'Occident avait donné le bâton pour se faire battre. Il a commis une grossière erreur en ne prenant jamais acte des forces d'opposition existantes et en tentant d'empêcher toute prise d'influence islamique. Pour autant, l'importance croissante de l'islam n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour nous.

Votre dernier livre («Arabiens Stunde der Wahrheit», l'heure de vérité pour le monde arabe) se penche sur le Printemps arabe.
Je suis très circonspect vis-à-vis de l'expression «Printemps arabe». Car il y a déjà eu un Printemps arabe, qui avait été totalement ignoré par l'Europe. C'était au début des années 1990 en Algérie, lorsque la dictature militaire organisa, sans tenir aucun compte des rapports de force, des élections libres qui furent remportées par le Front islamique du salut (FIS) grâce à ses activités caritatives. L'armée mena alors un putsch au mépris d'une large volonté populaire. Les Occidentaux observèrent les événements sans broncher, soulagés d'échapper à la naissance d'un Etat islamique au sud de la Méditerranée. Les forces islamiques furent ainsi poussés à la résistance armée, avec à la clé une effroyable guerre civile qui fit 200'000 morts.

Il se trouve que j'étais en Algérie avant que n'éclate ce qu'il est convenu de nommer le Printemps arabe. Là-bas, les gens n'étaient pas remis du traumatisme causé par ce bain de sang et ont hésité à se lancer dans une nouvelle révolution.

Est-ce pour cela que votre livre s'ouvre sur l'Algérie, et non sur la Tunisie?
Jamais je n'aurais imaginé que la révolte puisse partir de Tunisie, même si Ben Ali était un personnage particulièrement méprisable. La Tunisie n'était pas une colonie, mais un protectorat français qui a toujours entretenu des liens étroits avec l'Europe. De plus, les Tunisiens passent pour être un peuple paisible et conciliant. Au Maghreb, on plaisante en disant que les Tunisiens sont des femmes, les Algériens des hommes et les Marocains des guerriers.

Le soulèvement en Egypte vous a-t-il surpris?
Oui. Rien ne le laissait présager. Je m'étais rendu au Caire peu avant le début de la révolte, et j'avais rencontré de fins connaisseurs du pays. Ils étaient d'accord pour dire que rien ne se passerait dans l'immédiat en Egypte. Que ce soit la CIA ou les services secrets égyptiens, omniprésents dans le pays, tous ont été pris au dépourvu.

Vous estimez que les jeunes qui ont manifesté sur la place Tahrir et se sont organisés grâce aux réseaux sociaux sur Internet n'ont pas été le moteur de la révolution égyptienne.
Les manifestants de la place Tahrir du Caire étaient principalement de jeunes intellectuels de la classe moyenne. Ils formaient donc un public plutôt éclairé et bourgeois. Aucun d'entre eux n'a crié «Allahu akbar» (Dieu est grand) ni brûlé le drapeau américain. Chez ces citoyens, la frustration était particulièrement grande. La corruption ambiante était ressentie comme insoutenable. Personne ne les aurait cru capables de se mobiliser ainsi et de s'imposer. Mais je suis convaincu que les forces vives du pays sont ailleurs. Les événements sont assez comparables aux manifestations étudiantes qui ont eu lieu à Paris en 1968. Elles émanaient elles aussi d'enfants de la bourgeoisie, et non de prolétaires. En Egypte, les blogueurs et les utilisateurs de Facebook sont indéniablement des gens sympathiques et cultivés, mais ils n'ont ni meneurs politiques, ni programme. Soyons clairs : il s'agit de rêveurs et de dilettantes.

Ce qui n'est pas le cas des Frères musulmans.
Le vent de révolte qui souffle sur les pays arabes depuis début 2011 vise surtout les profiteurs qui ont frayé de trop près avec l'Occident. La haine d'une large frange de la population est plus généralement dirigée contre une classe gouvernante qui a pris ses distances avec l'islam. La véritable force politique en Egypte est à chercher du côté des Frères musulmans, des gens simples, des pauvres et des fellahs, c'est-à-dire des paysans, qui disposent, eux, d'une véritable structure. Les Frères musulmans se sont tenus en retrait en attendant leur chance, et celle-ci s'est présentée en début d'année avec les élections. J'ai toutefois frémi devant le score obtenu par les salafistes radicaux, le parti Al-Nour, qui a totalisé près d'un quart des voix. Cet outsider pourrait faire planer une menace sur tous les pays voisins et même en Tunisie, où le parti Nahda pourrait se radicaliser.

Quel est l'avenir qui se dessine en Libye?
Il faut tabler sur l'émergence de forces extrémistes et farouchement hostiles les unes envers les autres. Après avoir terminé mon livre, je suis retourné en Libye. Tous les cinq kilomètres, nous avons été contrôlés par des francs-tireurs sans jamais savoir à quelle tribu ou fraction ils appartenaient. Nous avons cependant constaté qu'ils entretenaient des rapports très belliqueux.

Croire qu'une démocratie peut s'imposer dans le monde arabe est donc totalement illusoire?
Je suis très heureux de vivre dans une démocratie, mais je suis persuadé que ce modèle occidental ne convient pas aux pays arabo-mususlmans. Je ne vois aucun exemple d'adaptation réussie du modèle démocratique dans le monde arabe. Même le Premier ministre turc Recep Erdogan a pratiquement aboli la laïcité. La Turquie est d'ailleurs le théâtre d'une réislamisation rampante, et l'AKP (Parti pour la justice et le développement) se révèle moins démocratique que ne l'avaient espéré les Occidentaux. Notre modèle occidental a hélas perdu de son aura dans le «Tiers Monde».

Peter Scholl-Latour

Né en 1924 à Bochum, le journaliste franco-allemand Peter Scholl-Latour est, en 1945/46, membre du commando parachutiste Ponchardier, une unité française engagée en Indochine. Il travaille ensuite comme stagiaire à la Saarbrücker Zeitung, et c'est en 1951 qu'il entreprend son premier voyage en Orient, qui le conduit en Iran, en Irak, en Syrie et en Israël. Correspondant pour la télévision publique allemande, il se fait connaître par ses reportages sur l'Afrique, l'Extrême-Orient et le monde arabo-musulman. Ses documentaires et ses livres (il en a plus d'une trentaine à son actif) jettent un éclairage révélateur sur la géopolitique mondiale. Il sera nommé par la suite rédacteur en chef du magazine Stern. Peter Scholl-Latour partage sa vie entre Berlin et Paris.

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MessagePosté le: 26 Mar 2012 1:02    Sujet du message: Répondre en citant

J'attends à l'instar de la caricature, mais théo est en avance!
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MessagePosté le: 31 Mar 2012 22:14    Sujet du message: Répondre en citant

FEMEN a encore "sévi", et à Paris, avec pour thème, "solidarité avec les femmes des pays musulmanes".....

http://www.ledauphine.com/france-monde/2012/03/31/plutot-nues-qu-en-burqas

PLUTÔT A POIL QU'EN BURQA!!!!!
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MessagePosté le: 21 Avr 2012 3:17    Sujet du message: Répondre en citant

Le "procès Persepolis" interroge la liberté d'expression en Tunisie



Nabil Karoui, directeur de la chaîne privée tunisienne Nessma TV, encourt jusqu'à trois ans de prison pour avoir diffusé le film "Persepolis", qui comporte une représentation d'Allah.

Le procès du directeur de la chaîne privée Nessma TV, Nabil Karoui, a repris jeudi 19 avril à Tunis, dans un climat très tendu. Après avoir diffusé sur sa chaîne, en octobre 2011, le film d'animation franco-iranien Persepolis doublé en dialecte tunisien, Nabil Karoui est aujourd'hui jugé pour "atteinte aux valeurs du sacré". L'affaire, qui avait déjà déchaîné les passions l'année dernière, mobilise devant le tribunal de Tunis défenseurs de la liberté et partisans de l'islam.

Cette histoire intervient dans le même contexte que la récente condamnation de deux Tunisiens à sept ans et demi de prison pour avoir publié sur Facebook des caricatures de Mahomet. Une peine sans précédent dans les affaires d'atteinte à la morale et au sacré, qui se multiplient en Tunisie depuis la révolution et l'arrivée au pouvoir des islamistes.

UN "VAUDEVILLE À LA TUNISIENNE"

Il s'agit du "quatrième acte" de ce "vaudeville à la tunisienne", comme le qualifie le quotidien tunisien Le Temps. Après les émeutes qui ont éclaté en octobre 2011, juste après la diffusion du film, devant les locaux de Nessma TV et devant la maison de son directeur, le procès a été reporté deux fois, en novembre et en janvier.

En l'attente du verdict, prévu pour le 3 mai, des dizaines de salafistes se sont réunis devant le tribunal, certains arborant des drapeaux noirs avec des versets islamiques et des pancartes appelant à l'exécution du directeur de la chaîne de télévision. Devant la salle n° 10 du tribunal de première instance de Tunis, de nombreux journalistes et hommes politiques sont, majoritairement, venus adresser leur soutien à Nabil Karoui, d'après La Presse de Tunisie, journal francophone le plus consulté de Tunisie.

Plus de cent quarante avocats ont porté plainte contre Nabil Karoui et deux de ses collaborateurs, qui encourent une peine de trois ans de prison. Ces avocats se dressent comme les défenseurs de l'intégrité de la divinité car, comme l'a déclaré Me Laâbidi lors de l'audience, "la représentation de la divinité est blasphématoire en elle-même, car Dieu ne doit en aucun cas être représenté".

L'origine du litige est en effet une scène en particulier du film Persepolis, qui décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d'une fillette parlant à Dieu personnifié, la représentation d'Allah étant proscrite par l'islam. Pourtant, comme le précise Me Chokri Belaïd, avocat de la défense et leader du Mouvement des patriotes démocrates (Watad), "le film a été déjà projeté dans [les] salles de cinéma [tunisiennes] avec un visa officiel de la commission de vérification", sans que cela pose de problème au parquet. Pour lui, "ce procès est politisé et marquera l'histoire de la justice tunisienne. On veut faire de la Tunisie un nouvel Afghanistan en imposant le retour de la répression idéologique et politique".

UNE "RÉGRESSION DES LIBERTÉS"

Au cœur du débat, c'est donc bien la question d'une éventuelle régression des libertés après la révolte du 14 janvier qui agite les milieux politique et intellectuel tunisiens. Dès janvier, le parti islamiste Ennahda, première force politique en Tunisie, a exprimé "son attachement à la liberté d'expression en tant que droit indivisible des droits de l'homme" et estimé que les poursuites judiciaires à l'encontre du patron de Nessma TV dans le cadre de l'affaire Persepolis "n'étaient pas la meilleure solution".

Pour l'avocate Kahena Abbes, qui publie une tribune dans La Presse de Tunisie, il s'agit bien d'une "régression des libertés". Pour elle, les manifestants extrémistes qui se sont attaqués à Nabil Karoui "exprimaient la volonté de limiter toute liberté et de la soumettre aux symboles sacrés, aux exigences identitaires et à une certaine lecture religieuse, afin d'instituer une nouvelle censure". Elle ajoute que "le problème est donc d'ordre politique, puisque ces revendications émanaient du courant salafiste, et ont eu lieu quelques jours avant les élections de la Constituante et visaient en premier lieu à réduire non seulement la liberté d'expression dans le domaine artistique, mais celle du culte, et d'anéantir tout droit à la différence et tout individualisme".

Dans un communiqué publié jeudi sur son site, Amnesty International souligne que ce procès "met en lumière les attaques contre la liberté d'expression en Tunisie". Un constat qui vient renforcer l'avertissement lancé par Reporter sans frontières en janvier sur les "menaces qui planent sur la liberté d'information" et qui "n'ont cessé d'évoluer depuis la chute de Ben Ali". "Alors que nous comptons sur le gouvernement tunisien pour qu'il donne l'exemple et consacre le plein respect des droits humains dans la nouvelle Constitution du pays, il est troublant de voir que ce procès se poursuit", a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International dans un communiqué. Avant d'ajouter : "Ces pratiques rappellent les violations commises par le gouvernement Ben Ali renversé et doivent cesser."

http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2012/04/20/le-proces-persepolis-interroge-la-liberte-d-expression-en-tunisie_1688451_1466522.html

Note de Rasko:
Voici la scène incriminée telle qu'elle est dessinée dans les BD de Marjane Satrapi et reprise dans le film...


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MessagePosté le: 23 Avr 2012 1:55    Sujet du message: Répondre en citant

vendredi20 avril 2012
Libye, l’autre bilan d’une guerre européenne
Par Richard Werly
Nicolas Sarkozy en parle moins dans la campagne présidentielle française. Et pour cause: l’impact déstabilisateur de la guerre en Libye sur le Sahel, et les questions posées sur l’avenir du pays, démontre aujourd’hui les limites du «droit d’ingérence» européen

(Bruxelles) Les responsables politiques de la Libye libre ne seront sans doute pas invités à Paris pour témoigner de leur soutien à Nicolas Sarkozy en pleine campagne présidentielle. L’image, pourtant, aurait pu être bonne dans un combat électoral largement centré sur la personnalité et le volontarisme des candidats. Des démocrates libyens venus témoigner du courage du président sortant, dont Bernard-Henri Lévy raconte par le menu la volonté d’avancer «sans regrets», une fois la décision prise de frapper les troupes de Kadhafi pour sauver Benghazi il y a un peu plus d’un an.

L’intellectuel français, dans son livre La guerre sans l’aimer (Editions Grasset), brosse d’ailleurs du candidat président – dont il affirme rester politiquement opposé – le portrait rêvé du politicien combattant. Rapide dans la décision. Audacieux. Tenace. Toujours tenté par la mise en scène, il est vrai. Mais n’est-ce pas là le propre de la politique moderne et nécessairement médiatique?

Le cliché donc, aurait pu être parfait. D’autant que personne ne croit ces temps-ci à un Francois Hollande interventionniste. On se souvient, à Paris, du refus du premier ministre Lionel Jospin, alors en pleine cohabitation avec Jacques Chirac, d’intervenir pour éviter le coup d’état du général Guei en Côte d’Ivoire, le 24 octobre 2000. L’exemple Libyen, parfaite illustration du tandem franco-britannique et d’une volonté européenne retrouvée de défendre la liberté au sud de la Méditerranée, pouvait aussi flatter l’image d’un Sarkozy seul capable de mobiliser derrière lui les alliés de la France, l’OTAN, l’Europe pourtant engluée dans sa crise. Fermez le ban: la Libye libre, dans le contexte d’un retrait d’Afghanistan à l’allure de déroute, était l’argument massue pour démontrer combien l’hôte sortant de l’Elysée a su, au final, «habiter» sa fonction présidentielle.

Problème: ce parfait «story telling», cette histoire dont rêvent les communicants anglo-saxons, est au contraire en train de démontrer les limites d’une Europe pressée de s’ingérer. Le Sahel, région stratégique s’il en est tant elle est aujourd’hui empoisonnée par l’islamisme, les mafias et les trafiquants de drogue, se retrouve menacé de chaos. Les stocks d’armes kadhafistes, plus grave encore, sont à l’évidence tombés dans les mains de groupes incontrôlés qui, de revente en revente, pourront en faire demain les outils de déstabilisation sur une bonne partie du continent noir.

L’équation vire aussi au casse-tête pour l’Union européenne en termes de migrations et de criminalité. Un séjour à Naples, ces temps-ci, démontrera à quiconque combien la grande métropole du sud de l’Italie est gangrenée par les trafics en provenance d’Afrique. Or Naples, c’est la porte de la Libye. C’est même là, ironie de l’histoire, que l’OTAN dirigea sa guerre, depuis son quartier général méditerranéen. Les métastases du conflit libyen n’ont malheureusement pas fini de proliférer. Et bien malin qui peut aujourd’hui prédire l’ampleur de la contamination.

L’autre question posée par l’interventionnisme défendu alors par Nicolas Sarkozy est évidemment celle de la Syrie. «Deux poids-deux mesures» est le refrain entendu. Mais une autre interrogation mérite examen: pourquoi ne pas avoir, en Libye où les Russes et les Chinois ne défendaient plus le régime, choisi une voie médiane entre intervention armée légitime pour protéger les civils et négociation de haut niveau telle que celle menée par Kofi Annan avec Damas? Ce «mixte» de force et de tractations est depuis le début défendu avec véhémence par des personnalités telles que l’ancien président du Comité international de la Croix-Rouge, Cornelio Sommaruga – qui contribua à l’élaboration du concept sur la responsabilité de protéger –, et Louise Arbour, présidente de l’international Crisis Group. Cette dernière l’a d’ailleurs répété ces jours-ci, à Bruxelles, lors d’une entrevue avec Jean-Yves Le Drian, le responsable des questions de défense dans l’équipe de François Hollande. L’intervention en Libye aurait pu prendre un autre visage.

Dernier poison: celui des frappes de l’OTAN. Bernard-Henri Lévy, dont le cri d’alarme pour sauver Benghazi fut à l’origine de la décision française d’attaquer, raconte bien dans son livre combien la lourdeur de l’Alliance a souvent conduit à des erreurs, des retards, des problèmes de coordination avec les rebelles libyens. Résultat: des enquêtes sont aujourd’hui demandées en Libye sur des bombardements dans lesquels de nombreux civils trouvèrent la mort. Le consensus sur l’impunité de l’OTAN – pas question de s’en prendre à ceux qui libérèrent le pays de Kadhafi – se fissure. Les nouvelles autorités libyennes viennent par ailleurs de refuser à nouveau de livrer Saïf al-Islam, le fils du «Guide» toujours détenu par les milices berbères de Zintane, à la Cour pénale internationale. L’Europe et la France feraient bien de suivre de très près les résultats des élections de juin à l’assemblée constituante libyenne…

"Le temps" de Genève...
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MessagePosté le: 01 Mai 2012 23:12    Sujet du message: Répondre en citant

Le printemps arabe n'est rien d'autre qu'une révolution islamique comme en Turquie.
Dans un monde en crise, les peuples s'accrochent à ce qui est sûr, prouvé. Les conservatismes l'emportent partout, personne n'a envie de changer quoi que ce soit alors que c'est dans ces moments qu'il faut innover.
Peut-être qu'un pays comme la France avec un nouveau président socialiste pourra être l'étincelle qui...
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MessagePosté le: 01 Juil 2012 8:58    Sujet du message: Répondre en citant

Cuneytbelmondo a écrit:
Le printemps arabe n'est rien d'autre qu'une révolution islamique comme en Turquie.
Dans un monde en crise, les peuples s'accrochent à ce qui est sûr, prouvé. Les conservatismes l'emportent partout, personne n'a envie de changer quoi que ce soit alors que c'est dans ces moments qu'il faut innover.
Peut-être qu'un pays comme la France avec un nouveau président socialiste pourra être l'étincelle qui...


Si les socialistes merde, il ne reste plus que FN, alors vous verrez vos frontières, vos libertés d'expression, et les bons démocrates.
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MessagePosté le: 16 Aoû 2012 20:00    Sujet du message: Répondre en citant

Cuneytbelmondo a écrit:
Le printemps arabe n'est rien d'autre qu'une révolution islamique comme en Turquie.
Dans un monde en crise, les peuples s'accrochent à ce qui est sûr, prouvé. Les conservatismes l'emportent partout, personne n'a envie de changer quoi que ce soit alors que c'est dans ces moments qu'il faut innover.
Peut-être qu'un pays comme la France avec un nouveau président socialiste pourra être l'étincelle qui...


J'ai peur que le printemps arabe, impulsé par l'extérieur, devient automne pour les femmes.

C'est le titre du chronique de Zeynep Oral qui relate le cas de Tunisie.

http://cumhuriyet.com.tr/?hn=359426
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MessagePosté le: 18 Fév 2013 2:45    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques clés pour comprendre l'hiver islamique

Par Guy Millière © Metula News Agency



Quand les premières émeutes ont débuté en Tunisie, voici deux ans, je n'ai, on le sait, pas été de ceux qui s'enthousiasmaient et se disaient qu'un air de liberté commençait à souffler sur le monde arabe et musulman. Quand les émeutes se sont étendues à l'Egypte, je suis devenu plus pessimiste encore.



Je n'ai jamais parlé de printemps arabe. Je n'ai donc pas à regretter d'avoir hâtivement utilisé cette expression très naïve.



Dès la première seconde, j'ai, au contraire, usé d'une expression qui s'est diffusée largement depuis : celle d’ « hiver islamique ».



Pourquoi ai-je réagi ainsi ? Parce que, analysant la région depuis des années, je savais depuis longtemps que, du Pakistan à la Tunisie, du Yémen à l'Egypte, et de la Libye à la Syrie, aucune des conditions permettant l'émergence de sociétés plus libres n'existait.



Parce que je distinguais aussi que les forces de l'islamisme étaient à l'œuvre et attendaient leur heure pour déferler.



Je ne me suis, dès lors, pas trompé en analysant ce qui survenait, quand bien même mes analyses ont pu parfois paraître pessimistes.



Et au vu de la situation actuelle, je pense, une fois encore, ne pas me tromper si j'écris aujourd'hui que l'hiver islamique est loin, très loin d'être achevé, et si j'ajoute que les dégâts qu'il va susciter seront plus profonds, plus intenses, plus désastreux qu'ils ne le sont déjà.



Face à une telle situation, mon rôle, tel que je le conçois, est de donner à déchiffrer et à comprendre, quitte à paraître m’engoncer dans pessimisme soi-disant exagéré.



J'ai publié voici huit mois un livre, écrit avec mon ami le grand islamologue américain Daniel Pipes, intitulé Face à l'islam radical, au sein duquel nous tentions de dire l'essentiel sur le sujet et de poser les repères requis. Ce livre n'a rien perdu de sa pertinence et de son actualité.



Un autre livre s'imposera pour procéder à une analyse d'ensemble de la vague islamique actuelle ; destiné à mettre au jour ses soubassements, ses linéaments, ses lignes de force, ses conséquences déjà visibles, ses impacts à venir, ses implications pour l'Europe, pour Israël, pour le monde occidental en son ensemble. J'écrirai ce livre.



Avant de le faire, il m'a semblé nécessaire de donner à ceux qui me lisent les moyens d'aller un peu plus loin que dans Face à l'islam radical, et d’être plus précis, plus spécifique encore sur un certain nombre de points essentiels.



C'est à cette fin que j'ai décidé de reprendre un certain nombre de textes épars dans diverses publications, et parfois inédits, écrits au cours des deux dernières années, et de les assembler.



Cela donne un nouveau livre, qui vient de paraître. Celui-ci comporte trois parties.



Dans la première, je m'atèle à répondre d'une façon plus précise encore sur ce qui fait la différence et la dangerosité de l'islam radical, et sur ce qui particularise celui-ci de l'islam tout court.



Ceux qui ne voient pas cette différence et cette dangerosité se privent de l'efficacité requise pour prendre les dispositions nécessaires.



Ils ne voient pas, par exemple, comment, dans l'islam radical, se sont tressés des liens entre islam et national-socialisme, marxisme, tiers-mondisme, qui, tout à la fois, font de l'islam radical un dogme très moderne, et expliquent les liens qu'il peut tisser et les séductions qu'il peut exercer chez des adeptes de dogmes totalitaires occidentaux.



Dans la deuxième partie, j'expose exactement ce qui s'est passé et se passe encore dans les pays clés de la mutation en cours : ce qui est survenu en Tunisie n'est pas identique à ce qui s’est passé en Egypte ou à ce qui arrive en Syrie aujourd'hui. Et ce qui est survenu en Libye ne peut se trouver réduit aux schémas d'analyses applicables dans d'autres pays.



J'aborde, bien sûr, la situation présente au Mali, qui découle de l'intervention occidentale en Libye, pour souligner l'impact de cette situation sur toute une région qui va de la Somalie à la Mauritanie. Je n'oublie pas, bien sûr, l'Iran, la Turquie et la nouvelle situation stratégique dans laquelle se trouve placé Israël.



Dans une troisième partie, je trace des perspectives, et j'évoque les façons dont la réflexion devrait désormais s'orienter.



J'ai donné au livre le titre de l'un des textes qui le composent, L'islam radical est une arme de destruction massive1, car je pense qu'on sous-estime encore très largement son potentiel de nuisance, même s’il est en train de ravager l'ensemble du monde musulman.



Par ailleurs, l’islam radical, par ses multiples impacts, visibles ou moins visibles, accélère la dislocation de l'Europe, contribue à une remontée forte de l'antisémitisme et de la haine anti-israélienne sur la planète, et a eu un impact jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir aux Etats-Unis sous Barack Obama.



Je ne prétends pas, avec ce livre, apporter une réponse à toutes les questions qui se posent. Mais je pense apporter les réponses clés, et fournir une sorte de guide donnant les moyens de ne pas s'égarer et de ne pas se tromper, dans un contexte où s'égarer et se tromper peuvent se révéler très coûteux.



J'ai confié ce livre à l'éditeur David Reinharc, car il rencontre présentement des difficultés, comme d'autres maisons d'édition courageuses en France. J'ai renoncé à tout droit d'auteur.




Guy Millière, L'islam radical est une arme de destruction massive, Editions David Reinharc, 2013, 82p., 9,90€
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MessagePosté le: 19 Fév 2013 2:21    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas si ce Guy Millère fait des amalgames entre l'Islam et les régimes qui sévissent dans les pays musulmans mais il n'était pas seul à ne pas croire au printemps arabe...
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MessagePosté le: 19 Fév 2013 8:35    Sujet du message: Répondre en citant

Face à la remarque de Cengiz, je me permets de rappeler que l'auteur, Guy Millière, parle bien de l'islam radical, en faisant la distinction avec l'islam tout court.....

"Dans la première, je m'atèle à répondre d'une façon plus précise encore sur ce qui fait la différence et la dangerosité de l'islam radical, et sur ce qui particularise celui-ci de l'islam tout court.

Ceux qui ne voient pas cette différence et cette dangerosité se privent de l'efficacité requise pour prendre les dispositions nécessaires. "


Par ailleurs, je fais partie aussi de ceux et celles qui n'ont jamais cru aux" printemps arabes", portant en moi la quasi-certitude que la déstabilisation de ces sociétés risquaient d'aboutir à la mise en place, dans une ambiance de chaos, de gouvernements encore plus féroces et rétrogrades que ceux qui régnaient jusqu'alors, avec en prime, l'effacement de toute velléité laïque. Mes craintes se sont hélas justifiées.....
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